Une balade artistique, ça vous dit ?
On vous propose d’entrer dans la peau d’Aurore Puifferrat, peintre pastelliste,
et de découvrir son parcours, son cheminement, ses oeuvres…
Beaucoup de nature et de douceur au programme.
Bon voyage !
De la nature au tableau
« Le hasard fait souvent bien les choses » entend-on souvent. Et Charles Aznavour d’ajouter dans l’une de ses chansons : « Surtout quand on peut l’aider un peu ». L’avons-nous donc aidé un peu ce beau jour d’été ? Peut-être. Le « hasard » n’est-il pas après tout qu’une conséquence des choix que nous faisons ? Si je tourne à gauche ou si je tourne à droite, le chemin n’est évidemment pas le même, et l’évènement « hasardeux » qui arrivera ensuite sera probablement différent.
A en juger en tout cas par notre rencontre avec Aurore Puifferrat, le hasard ou nos choix ont à l’évidence « bien fait les choses ».
Sommaire
- Une rencontre en deux-temps
• Le temps de la découverte
• Le temps des retrouvailles - Une artiste qui plonge dans son dream
• Premières armes
• Les détours de la vie
• L’heure de la maturité - Démarche artistique
• La nature, une drogue
• Un chevalet en promenade
• Les obstacles du chemin
• Le carnet magique
• Un souhait, un rêve - Pour la contacter ou la rencontrer…
Une rencontre en deux temps
Le temps de la découverte
La première rencontre eu lieu lors de notre traversée de la diagonale de la France à pied en 2021.
Lors d’une étape qui longeait la Creuse sur le chemin de « la vallée des peintres », nous n’imaginions pas qu’en pleine journée nos pas nous conduiraient tout droit vers une Aurore… en train de peindre.
Parce qu’il n’y a pas que la Nature pour colorer le ciel, il y a aussi des artistes qui savent le faire.
La vallée ici n’est pas large, les rives qui bordent la Sédelle encore moins, impossible alors de ne pas se voir, impossible de se rater !
Elle avait installé son chevalet et ses pastels en bordure du chemin, face à une vue des plus romantiques (une rivière, un pont, une vieille demeure, la frondaison des arbres…) dont elle s’inspirait. Plutôt curieux par nature, c’est donc tout naturellement que nous l’avons abordée et avons échangé.
Notre discussion a tourné autour de notre marche (un peu), mais surtout de sa passion, de son art, de sa pratique (beaucoup). On aime bien faire parler les autres.
Un échange assez rapide mais dont nous sommes ressortis heureux, comme chaque fois que nous faisons une rencontre forte, marquante, riche. Ce genre de rencontre qui vous fait sourire le cœur sans que vous compreniez vraiment pourquoi, là, comme ça, en quelques minutes.
Quelque part, nous avions emmené un peu avec nous un morceau d’Aurore et elle en avait fait autant avec nous.
Ayant pris soin d’échanger nos liens via les réseaux sociaux, nous pouvions alors continuer à nous suivre au delà de ce simple moment agréablement partagé, et nous pouvions ainsi facilement nous (re)joindre.
Le temps des retrouvailles
C’est ainsi qu’un jour, elle nous contacta pour évoquer un projet de livre qu’elle souhaitait mettre en place. Ses peintures y seraient associées aux poésies d’une amie. Un travail en commun pour offrir à ceux qui y sont sensibles leurs regards émerveillés sur la nature. Il lui fallait alors des photos de qualité afin de reproduire le plus fidèlement possible ses tableaux.
L’occasion était trop belle : quitte à faire ce travail, autant en profiter également pour faire un reportage sur elle.
Parce que mettre en lumière tous ces artistes et ces artisans qui colorent le monde nous tient à coeur. Pour souligner leur rôle, leur beauté, leur profondeur. Que serait en effet une société sans leur talent, sans toute cette diversité créatrice qui rend la vie plus riche, plus intense, plus originale, sans ces regards qui apportent une autre dimension à notre quotidien ?
Nous avons donc pris la route un jour de janvier pour retrouver Aurore dans son fief, là où elle a installé son « artelier » comme elle l’appelle, quelque part en Ariège.
Une artiste qui plonge dans son « dream »
Premières armes
Aurore Puifferrat a 48 ans et dessine depuis toujours. C’est ce qu’on appelle un talent inné.
A l’école, rapidement, on repère ses capacités : l’une de ses professeurs d’arts plastiques la pousse ainsi à participer à la réalisation d’une œuvre pour le collège. Ce fut, comme elle l’explique, sa toute première expérience d’exposition, son premier vécu de création mis en lumière aux yeux des autres.
A 18 ans, une tante lui propose de rejoindre un groupe d’amies le temps d’un week-end dans un gîte : un week-end dédié à la peinture. Une autre expérience enrichissante où elle se sent profondément vibrer.
Elle comprend aussi que peindre à l’extérieur, immergée dans la nature, lui apporte un plaisir incomparable.
Comme elle l’explique « Creusoise d’origine, enfant, j’ai eu la chance de jouer dehors. Les ambiances et les sons de la nature sont restés indélébiles. » C’est pourquoi « mon thème préféré est le paysage car il correspond à mes fondamentaux. »
Le soir, dans le gîte, les peintures sont réunies pour faire un bilan et poser des regards bienveillants sur chacune des œuvres réalisées : l’artiste en herbe y apprend la critique constructive, celle qui n’enferme pas et permet de progresser, de remettre son travail en question de manière objective.
A chaque nouvelle expérience, Aurore ajoute une page à son livre d’artiste. Elle avance sur le chemin de cette expression artistique si présente en elle, vers cette évidence que sa vie doit passer par la peinture, mais pour l’instant de façon inconsciente. Tout cela reste encore très flou dans son esprit, elle n’est pas encore prête pour entendre ce que son âme lui murmure.
Les détours de la vie
Pour qu’un don s’épanouisse, il faut en effet le faire exister, lui donner corps, lui laisser le droit de se concrétiser. Il y a une notion d’autorisation à offrir à soi-même, celle qui nous permet d’assumer notre nature, et de nous en montrer toute l’importance. Or, le milieu dans lequel nous grandissons, dans lequel nous nous construisons, n’est pas toujours favorable à cette compréhension. L’éducation parentale et la société ne nous poussent pas toujours dans la bonne direction.
Et ce fut le cas pour Aurore.
Ces influences diverses l’ont au contraire éloignée de la vocation professionnelle artistique qui existait en elle.
Un passage par un baccalauréat scientifique, une licence de psychologie (parcours bien plus accepté et donc acceptable), une tentative pour devenir institutrice… Aurore se cherche.
Elle finira par se diriger vers une formation de bibliothécaire. Le dessin, lui, se retrouvait un peu mis de côté. Il était pourtant bien là, mais devenait plus discret, plus silencieux, en latence, attendant que son heure revienne.
Et puis, comme nous n’avons qu’une vie, Aurore a légitimement investi sentimentalement et familialement la sienne : un mari, des enfants qui participent aussi à son bonheur… Des étapes importantes pour son équilibre, qui l’éloignent un temps de l’univers artistique.
Des déménagements, une construction de vie, du temps qui passe.
L’heure de la maturité
La vie va se charger alors de remettre sur le tapis ses aspirations artistiques, grâce à de nouvelles rencontres.
Des peintres proposent des stages, et le besoin de dessiner revient, encore plus fort. On ne gagne jamais quand on lutte contre sa propre nature.
C’est ainsi qu’Aurore s’essaye d’abord au portrait à l’aquarelle, puis à la peinture à l’huile auprès d’un peintre qui travaille l’huile à l’ancienne.
Une autre artiste pleine de sensibilité la guide ensuite et lui apprend les notions de valeurs dans le dessin (la troisième dimension créée par les ombres, les lumières, les perspectives, le relief).
Et puis, un jour, elle finit par découvrir le pastel. Et là, elle comprend qu’elle a trouvé ce qu’elle recherchait depuis longtemps, que c’est cette technique là qu’elle a envie de travailler.
Son mari, bienveillant et intelligent, devine ses besoins profonds. Il la pousse à se perfectionner, à multiplier les stages, les apprentissages, à aller à la rencontre d’autres artistes, à s’autoriser à plonger dans son art si présent en elle, depuis toujours.
Peu à peu, elle apprend à se situer, à créer son chemin, à trouver son style.
L’heure de l’éclosion était arrivée, le temps avait fait son oeuvre.
Aurore avait laissé passer à 18 ans une première occasion de répondre à la petite voix qui murmurait en elle. Mais il était trop tôt alors.
Des années plus tard, une nouvelle occasion frappait à sa porte. Comme un bond en arrière, comme si elle avait de nouveau 18 ans, comme si ce carrefour manqué autrefois lui donnait une seconde chance. Il ne fallait pas le rater celui-là. Une fois, mais pas deux !
Et c’est avec le soutien de son mari et de ses enfants, qu’Aurore a enfin écouté son cœur et laissé grandir cette étincelle qui vivait en elle. Le temps de la maturité intérieure était arrivé, il fallait que le feu vive enfin.
Démarche artistique
La nature, une drogue
C’est donc à plus de 40 ans qu’Aurore ose se lancer à corps perdu dans son art.
Son parcours, ses relations, ses cheminements en font une artiste sensible qui a les pieds sur terre.
Un nouveau choix de vie tardif, un pari risqué qui montre combien sa motivation et son courage sont forts. Aurore assume avec conviction ce qu’elle est aujourd’hui.
Aux yeux du monde (et au moins de l’Ariège et de la France pour commencer), elle veut offrir ce qu’elle a de plus précieux en elle : son amour de la nature et son besoin de l’exprimer en peinture.
Et c’est ce qu’elle transmet dans ses œuvres : un émerveillement, un apaisement, une pureté de l’instant.
Elle dit « Quand je suis dehors, je me sens imprégnée. Je suis au contact de la nature, j’ai tous les sens en éveil, j’entends les insectes, je ressens le vent, le soleil. Contempler une vue me saisit et voilà, je suis transportée ! »
Tous ses sens participent à la réussite de ses tableaux, la nourrissent, l’inspirent et l’apaisent en même temps.
Elle met alors dans ses créations tout ce qu’elle ressent corporellement, intimement.
Un chevalet en promenade
Lorsqu’elle peint, Aurore part avec son chevalet et ses pastels à la recherche d’un lieu qui lui plaît, qui lui parle.
Elle reste au minimum deux heures sur place, captant tout ce qu’elle peut de lumières, d’ombres, de couleurs. Dans un carnet, elle esquisse un rapide croquis.
« J’observe, je cherche une composition, je fais un croquis de valeurs et je me lance. »
Quand la lumière a trop changé, si elle n’a pas fini, elle revient un autre jour au même endroit et à la même heure ajouter plus de détails, imprégnant sa tête de cette « image » offerte par dame Nature.
Une fois chez elle, dans son « artelier » elle peaufine son tableau. Ces retouches peuvent durer quelques heures ou quelques semaines selon le tableau et ses exigences personnelles.
Parfois lors de virées en voiture, Aurore interpelle Laurent, son mari, face à une belle vue et s’exclame : « Oh regarde cette lumière !!! » Et c’est parti pour une séance peinture. Ah passion, quand tu nous tiens…
Les obstacles du chemin
Mais suffit-il de savoir peindre pour exister en tant que tel ?
Non, bien sûr… Aurore, comme toute personne se lançant dans une voie professionnelle artistique, ne peut pas faire l’économie d’apprendre tout ce qui s’ajoute au seul art de peindre. Créer sa micro entreprise, se faire connaître, exposer, apprendre à se vendre, connaître le marché de la peinture, les codes, trouver son matériel, savoir expliquer sa démarche, se confronter au regard des autres… autant de spécialités qu’il faut maîtriser au mieux pour espérer vivre de sa passion.
On a beau avoir un talent, il ne se suffit pas à lui-même. C’est un chemin passionnant mais très inconfortable, parce que plus incertain, plus complexe.
Il y a des jours difficiles, de gros moments de doutes, des périodes où il faut s’accrocher.
Le carnet magique
Pour pallier à ces périodes difficiles mais inévitables dans cette construction artistique, Aurore a trouvé des astuces. Comme par exemple l’utilisation d’un autre carnet, plus personnel celui-là.
Elle y a recueilli des mots, des dessins, des collages, choisis avec soin, représentants tout ce qui existe en elle, consciemment ou non. Ce carnet est une sorte de thérapie, un labyrinthe de recherche immersive, un travail de tri volontaire afin de déterminer clairement qui elle est, ce qu’elle veut transmettre, montrer, créer. Il est touchant de la voir l’ouvrir et le présenter à d’autres regards. On sent toute l’importance que ce carnet revêt pour elle.
Sur une page, elle s’arrête sur un dessin fait par ses soins auquel elle a collé le mot « dream« . Elle le regarde avec attention et nous dit « Je veux plonger dans mon dream! »
Un souhait, un rêve
Mais au-delà de ces difficultés passagères, il y a aussi des échanges magnifiques, des retours positifs et forts, des récompenses incomparables. Et ça, ça n’a pas de prix. Aussi important que soit le risque que l’on a accepté de prendre.
C’est en tout cas ce que résume Aurore qui s’accroche au bon et au beau, qui reste ancrée, qui défend ses convictions.
L’une d’elles est un voeu : « face à la montagne, à une forêt, à des nuages, je souhaite que l’on se promène et s’évade. »
Pour notre part, son voeu est exaucé. On aime se promener et se perdre dans son jardin enchanteur. Comme des prisonniers en mal de grand air, on s’évade et on rêve.
Aurore est en harmonie avec elle-même aujourd’hui. Et depuis, le soleil se lève chaque matin pour elle, même les jours gris.
Rien de très surprenant après tout : son prénom lui prédisait depuis longtemps.
Nous vous avions prévenu : une belle rencontre !
Pour la contacter ou la rencontrer…
( Cette visite de l’atelier d’Aurore Puifferrat s’est faite en janvier 2022 )
Laisser un commentaire