Marcher par beau temps dans le magnifique massif du Pirin en Bulgarie,
en passant par un refuge, des alpages, des forêts, 5 lacs différents
et une crĂŞte dominatrice, il y a pire hein ?!
⏱ 5h00 | 🥾 13km | 💪 Moyenne
LE LIEU
BULGARIE (Blagoevgrad)
Commune : Dobrinishte
Départ : parking au pied du télésiège, au
bout de la route venant de Dobrinishte
Coordonnées GPS : 41.75942 / 23.54714
LA RANDO
Type : boucle
Distance totale : 13 km
Temps total : 5h00
Difficulté : moyenne
Dénivelées cumulées : +860m / -860m
Altitude maxi / mini : 2590m / 2030m
Télésiègus Bulgarus
Nous avons appelé cette marche « la boucle du lac Bezbog« , mais elle pourrait aussi s’appeler « la randonnée aux épilobes », tant cette plante typique des montagnes agrémente la quasi-totalité du parcours de ses inflorescences rosées.
La randonnĂ©e dĂ©bute Ă 2200 m d’altitude, Ă l’arrivĂ©e d’un tĂ©lĂ©siège très… bulgare.
Parce que oui, le tĂ©lĂ©siège bulgare est diffĂ©rent du tĂ©lĂ©siège français, c’est une espèce Ă part. Son nom scientifique serait d’ailleurs parait-il « TĂ©lĂ©siègus Bulgarus », mais l’information reste incertaine.
De loin en tout cas, ça ressemble fort au TĂ©lĂ©siègus Francus : une gare de dĂ©part et d’arrivĂ©e, des pylĂ´nes et un câble entre les deux, et des sièges suspendus. Jusque lĂ tout va bien.
Sauf que, contrairement Ă beaucoup, ce tĂ©lĂ©siège ne ralentit pas au passage en gare ! (waouh, trop chouette, c’est comme quand j’Ă©tais jeune en classe de neige !!). Et la sensation ressentie Ă la montĂ©e et Ă la descente des sièges est du coup très diffĂ©rente. Disons que ça secoue pas mal.
Deux colosses bien trapus attendent en effet le valeureux passager pour lui « faciliter » la tâche : ni une ni deux, ils te saisissent par les bras, te soulèvent du sol ou de ton siège avec la dĂ©licatesse d’un ObĂ©lix sur un romain, et te repose sans mĂ©nagement. Effet Orangina garanti.
On rigolait bien au dĂ©part en observant le spectacle des premières « victimes » qui nous prĂ©cĂ©daient, mais on s’est un peu calmĂ©s quand nous sommes passĂ©s Ă notre tour dans les mains de ces « Schwarzys » bulgares. Le yaourt, ça fortifie son homme, on vous le certifie.
Allez, rassurez-vous, on exagère quand mĂŞme un chouia et tout ça est beaucoup plus drĂ´le qu’effrayant en fin de compte.
Un timing serré
Et puis ne crachons pas dans la soupe : 750m de dĂ©nivelĂ©s positifs avalĂ©s mĂ©caniquement en 30 petites minutes (il faudrait au moins 2 heures Ă pied), c’est plutĂ´t apprĂ©ciable en termes d’Ă©conomie d’Ă©nergie. Parce que nos jambes ont Ă nouveau besoin d’être dĂ©rouillĂ©es en douceur. Les randonnĂ©es en Suisse et en Autriche c’est dĂ©jĂ loin, les muscles se sont remis en arrĂŞt de travail, il faut les rĂ©veiller sans trop les brusquer.
Ceci dit, l’avantage a aussi son revers : le dernier dĂ©part du tĂ©lĂ©siège pour redescendre au parking est Ă 16h30. Si on le rate, c’est Ă pied qu’il faut faire cette descente. Ce qui est plutĂ´t ballot quand on a dĂ©jĂ payĂ© un aller-retour (le choix doit se faire en bas aux caisses du parking impĂ©rativement).
Problème de maths (niveau primaire) : sachant que le tĂ©lĂ©siège amène les randonneurs au dĂ©part de leur marche au mieux Ă 9h30, qu’il faut compter en moyenne 2 heures de pause pendant la marche, pique-nique et contemplation du paysage compris (compter donc plutĂ´t 3 heures pour les rĂŞveurs qui risquent de contempler plus longtemps), de combien de temps disposent les marcheurs pour faire leur boucle avant la fermeture ?
Tic tac, tic tac…
Réponse : 5 heures pour les premiers, 4 heures pour les seconds. Ca laisse peu de marge pour rentrer dans les délais. Possible, mais juste.
La rĂ©compense de l’effort
A la gare d’arrivĂ©e du tĂ©lĂ©siège, c’est dĂ©jĂ du grand spectacle : le lac Bezbog miroite devant le gros refuge Ă trois Ă©tages du mĂŞme nom (si vous souhaitez y rĂ©server une nuit, c’est par ICI).
Le temps est un peu couvert mais pas de quoi décourager les nombreux bulgares venus passer leur dimanche en montagne.
Le sentier qui mène au lac suivant (le lac Popovo) est dans l’ensemble plutôt facile, presque une promenade. Seuls deux raidillons à passer sont là pour nous rappeler que le plus dur est à venir.
Après une pause « fruits secs » près des eaux limpides du plan d’eau, nous partons à l’assaut des pentes du pic Djano (2668m). Là , fini la promenade, il faut grimper dur pour atteindre l’une de ses arêtes, quelques dizaines de mètres sous son sommet.
PerchĂ©s aux environs de 2600m, nous profitons quelques instants de la vue imprenable sur les deux vallĂ©es, celle d’oĂą l’on vient et celle oĂą l’on va.
Le lac de Popovo (littéralement « le lac du Prêtre »), le plus grand et le plus profond du massif du Pirin, est encore visible au loin dans la première, les trois lacs de Kremenski apparaissent en dessous de nous dans la seconde.
C’est vers eux que nous plongeons en traversant d’abord un pierrier. Le vent souffle fort, il est froid, l’heure de manger a sonné, un pique nique un peu plus bas en bord de lac s’impose.
Course contre la montre
Il est 14h quand nous terminons notre repas. La trace GPX que nous suivons depuis le départ indique qu’il reste 2h30 de marche sur le chemin du retour, 14h + 2h30 = 16h30. Ca va être plus que juste pour attraper le télésiège.
Alors nous repartons et marchons Ă grand pas.
Le terrain que nous pensions simplement descendant pour rejoindre le point de départ s’avère en fin de compte plus malicieux que prévu. Certes, il descend bien dans un premier temps mais trop longuement. A tel point que nous nous retrouvons 200 bons mètres en dessous du lac Bezbog et de son refuge.
Ben, remontons alors…
Une arrivée sur le fil
L’heure tourne, le sentier est étroit, la végétation envahissante. Physiquement, ça devient difficile, cette remontée finale n’arrange pas nos affaires. Nous grimaçons, nous râlons, nous buttons de plus en plus souvent sur les gros cailloux du chemin, et parfois même nous tombons. Il est temps d’en finir.
16h28, à la sortie d’un dernier virage, le toit du refuge s’annonce, nous y sommes presque.
16h31, nous arrivons sur la plate-forme d’embarquement du télésiège, en même temps qu’un autre couple au pas tout aussi pressé que le nôtre.
Les deux Obélix en charge de faire monter les randonneurs dans le télésiège nous pressent d’activer, le regard noir.
Deux sièges arrivent, leurs bras musclés nous y projettent sans traîner, la barre de sécurité se referme sur nous. Ouf, ça y est, nous pouvons enfin nous relâcher.
Du plaisir avant tout
Nous avions fait au mieux en prenant ce tĂ©lĂ©siège Ă l’heure de l’ouverture, mais ça a failli ne pas suffire. Nous comprenons mieux pourquoi aucun bulgare ne revenait par le chemin de retour que nous avions choisi. Eux savaient, pas nous…
MoralitĂ© : si vous avez peu l’habitude des marches en montagne ou que votre rythme n’est pas spĂ©cialement rapide, ne prenez pas le risque de faire cette boucle. Un aller-retour jusqu’au lac Popovo (voire au sommet Django) est dĂ©jĂ un beau voyage nature qui ravira petits et grands.
Pour nous, malgré cette course contre le temps éreintante en partie finale, nous garderons un excellent souvenir de cette randonnée.
Les petits dĂ©sagrĂ©ments que l’on rencontre parfois sur ces sentiers ne changent pas grand-chose Ă l’éternel plaisir, Ă la joie et au bien-ĂŞtre que l’on Ă©prouve Ă marcher au milieu de ces espaces grandioses.
Sans parler du bar-restaurant qui nous attend souvent au parking du dĂ©part…
Alors nous recommencerons, avec ou sans remontĂ©e mĂ©canique…
(Cette randonnĂ©e au lac de Bezbog s’est faite en aoĂ»t 2023)
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