Loin des circuits touristiques souvent surpeuplés,
il existe au Nord de la Grèce continentale une région montagneuse méconnue,
belle, authentique et sauvage. Bienvenue en pays Zagori.
⏱ 4 jours | 🥾 53 km | 💪 Moyenne | 🏕 1 bivouac | 🏡 1 chambre d’hôtes et 1 hôtel
Ah les livres…
Dans un bouquin de Lonely Planet sur les randos autour du monde, nous avions repéré celle-ci : une boucle de 4 jours dans la région montagneuse de l’Epire, au Nord de la Grèce.
Des villages en pierre, des gorges vertigineuses, des vieux ponts enjambant des rivières avec élégance, des bois de feuillus à perte de vue, des sommets enneigés… ce circuit avait tout pour plaire.
Et il nous a vraiment plu. Un peu physique certes, parfois même un peu risqué (pour des raisons de météo uniquement), mais le jeu en valait la chandelle.
On vous emmène aujourd’hui en pays Zagori (littéralement « par delà les montagnes« ), à la rencontre de ses paysages et de ses villages.
LE LIEU
GRÈCE (Epire)
District (département) : Ioannina
Dème (commune) : Zagori
Départ : petit parking (gratuit) en haut du village de Kapesovo, près de la voie d’accès circulaire
Coordonnées GPS : 39.888412 / 20.78084
LA RANDO
Type : boucle par étapes (4)
Distance totale : 53 km
Temps total : 19h30
Difficulté : moyenne
Dénivelées cumulées : +3330m / -3330m
Altitude maxi / mini : 1990m / 580m
Jour 1 — Kapesovo > Monodendri
12 km | 4h30 | +530 m / -605 m
1110m / 725m
Jour 2 — Monodendri > Papingo
16km | 5h30 | +1285m / -1405m
1060m / 580m
Jour 3 — Papingo > Refuge Astraka
8 km | 3h30 | +1040 m / -75 m
1910m / 880m
Jour 4 — Refuge Astraka > Kapesovo
17km | 6h00 | +475m / -1245m
1990m / 1080m
(Les temps indiqués n’incluent pas les pauses réalisées)
Le parcours
D’où partir ?
La question peut paraître un peu stupide comme ça, mais les points de départ sur cette boucle sont nombreux. Elle passe par plusieurs villages, diverses variantes sont envisageables, les possibilités ne manquent donc pas pour démarrer ce périple de 4 jours.
Alors lequel choisir ?
Le Lonely Planet propose Tsepelovo comme point de départ. Sur leur site, deux randonneurs français suggèrent de leur côté Kapesovo. D’autres sites étrangers proposent quant à eux Kipi, Monodendri ou Papingo.
Si l’on s’en tient uniquement à des considérations pratiques ou esthétiques, peu importe le choix du village de départ. Ils ont tous un charme fou, des hôtels ou des chambres d’hôtes confortables, et des possibilités de restauration.
Comment choisir ?
En termes d’accès, si vous n’aimez pas particulièrement les routes de montagne sinueuses, seul Kipi (situé en fond de vallée) vous évitera trop de sueur.
Par contre attention : en Grèce (comme dans beaucoup d’autres pays), les vaches circulent librement sur la voie publique. Pas de clôture en bordure de champ ici, les routes ne sont pour elles que des chemins un peu plus larges et plus propres qu’ailleurs (en tout cas avant leur passage !). Et sur la route de Kipi notamment, il n’est pas rare d’en croiser quelques unes au détour d’un virage.
Ce qui conditionnera plutôt votre choix, comme souvent en randonnée, c’est le profil au début du parcours. On apprécie tous un démarrage en douceur, histoire de faire un peu chauffer la machine.
Dans cet esprit, nous vous déconseillons de partir de Papingo (ascension vers le refuge de l’Astraka en suivant) ou même de Tsepelovo (500 mètres à monter d’emblée en direction des sommets).
Quant aux voyageurs non motorisés, des bus desservent chacun de ces villages certains jours de la semaine depuis Ioannina, chef-lieu du district. Il y a donc des solutions, mais elles sont peu nombreuses (quelques précisions vous sont apportées au chapitre « Informations pratiques » ci-dessous).
Dans quel sens et par quel chemin ?
Cette boucle peut se parcourir dans les deux sens, mais la plupart des descriptifs proposent de le faire dans le sens des aiguilles d’une montre. C’est celui que nous avons choisi.
Concernant le chemin à suivre, le réseau est vaste dans ces montagnes de l’Epire, il existe une multitude de variantes possibles.
L’option que nous avons retenue (voir tracé en rouge sur la carte ci-dessus) s’appuie sur l‘itinéraire principal décrit sur différents sites.
Il en diffère surtout au niveau du village de Tsepelovo que nous avons évité pour raccourcir un peu notre dernière étape. Si vous partez de ce village (ou si vous souhaitez y passer), le détour représente environ 5km supplémentaires (tracé en pointillé violet) par rapport à l’itinéraire de base.
Une extension à cette boucle mérite par contre le voyage selon les témoignages lus ici et là : le lac du dragon.
Cet aller-retour de 5km environ se fait à partir du refuge Astraka (hébergement du troisième jour).
L’étape qui mène jusqu’à ce refuge étant relativement courte (8km), ceux qui se sentent encore en jambe pourront pousser leur effort jusqu’à ce lac dans l’après-midi (tracé en pointillé bleu).
Nous avions prévu initialement de le découvrir, mais la météo très menaçante et la neige encore abondante sur le secteur nous en ont dissuadés.
Jour 1 : Kapesovo > Monodendri
Jour 1
Départ : Kapesovo
Arrivée : Monodendri
L'ÉTAPE
Distance totale : 12km
Temps : 4h30
Difficulté : moyenne
Dénivelées cumulées : +530m / -605m
Altitude maxi : 1110m
Altitude mini : 725m
Dans le vif du sujet
Le parking que nous avions repéré en haut du village est petit (3/4 places maximum), mais une place est libre quand nous y arrivons. Parfait. Notre fourgon devra rester là 4 jours, c’est long, mais nous sommes confiants. Le village est calme, isolé du monde, pas d’inquiétude à avoir ici, on le sent.
Les premières maisons sont là sous nos yeux, tapissant les pentes de la vallée du Voïdomatis de leurs pierres et de leurs toits en lauze. L’ensemble est austère mais d’une belle homogénéité, sans fausse note.
Comme d’autres dans la commune de Zagori, Kapesovo est un privilégié.
Entre le 15e et le 18e siècle, sous domination ottomane, 46 villages de la commune (oui, les communes sont plutôt grandes par ici…) ont en effet conclu un accord avec l’occupant. En échange de leur vassalité et de l’acceptation de la présence d’une cavalerie ottomane sur leur sol, ils obtinrent le droit à l’autonomie (gouvernement dirigé par un chef élu et par une assemblée constituée de représentants de chaque village) et furent exemptés d’impôts.
Pouvant ainsi commercer librement avec tout l’Empire, beaucoup d’entre eux firent fortune loin de leurs villages. Ils n’en oubliaient pas pour autant leurs racines et finançaient régulièrement la construction d’écoles, de ponts ou de sentiers muletiers pavés.
C’est cet immense héritage du passé, spécifique à cette région, complété par des sites naturels d’une grande beauté, que cette randonnée nous permet de découvrir.
Promenons-nous dans les bois
Une ruelle pavée nous invite à entrer dans le village. Elle descend doucement et serpente entre les premières maisons pour atteindre rapidement la place centrale dominée par un platane centenaire.
Les principaux lieux de vie des villages de Zagori sont regroupés là, autour de cet espace commun : cafés, boutiques, école, église… C’est ici que leur coeur bat, c’est ici, à l’ombre de l’arbre, que les évènements les plus importants s’organisent.
Aujourd’hui les commerces sont fermés, mais cette place a du charme et nous incite à flâner un peu sur son parterre engazonné envahit de marguerites jaunes et blanches.
Des tonneaux rouges posés près de tables vertes et de chaises bleues occupent l’espace. Plus loin, des bancs en bois colorés s’adossent aux vieux murs, de fausses amanites tue-mouches géantes poussent sur un battant de porte, une canne en bois pend contre l’autre. Il n’y a personne ici à cette heure-ci, pourtant la vie est là.
Il fait beau ce matin, le soleil tape fort ce 12 mai, l’ombre des bois qui couvrent la plus grande partie des reliefs de Zagori n’est pas de trop. Elle nous accompagnera souvent pendant nos deux premiers jours de marche, elle se fera plus discrète les deux derniers.
Le chemin qui descend vers le village de Kipi en fond de vallée est sans difficulté particulière. Enveloppé par le vert tendre printanier de la végétation, il se révèle même très agréable pour un démarrage. Il y a bien quelques petites montées de temps en temps, mais il faut bien commencer à préparer un peu le corps aux efforts à venir.
Premier pont du mois de mai
A l’approche du village de Kipi et de la route qui le dessert, nous rencontrons notre premier pont de la journée. Et quel pont !!!
Construit dans la partie la plus étroite des gorges de Vikaki qui se terminent là, il enjambe la rivière d’un bond de pierre tout en rondeur et en élévation qui impressionne. Si nous avions pu faire ça à l’épreuve de gymnastique du Bac notre note aurait certainement été bien meilleure. Mais nous ne sommes pas grecs hélas, ni très souples d’ailleurs.
Né en 1753, on l’appelle le pont de Lazaridis (ancien propriétaire du moulin situé pas loin de là) ou encore de Kontodimos (généreux habitant de Vradeto qui a fait un don pour sa construction).
Tavernier, une bière !
L’heure du casse-croûte approche mais nous n’avons pas grand chose dans nos sacs aujourd’hui. Nous comptions sur les commerces de Kapesovo en arrivant, mais ils étaient fermés. Pour cette première étape, seul ce village de Kipi offre des solutions pour nous aider à manger autre chose que des fruits secs.
C’est à la « Taverne Michaël » que nous décidons de nous arrêter, posée en bord de route à 300 mètres environ du chemin.
Une grande terrasse couverte ouvrant sur la voie accueille les habitués du coin et les touristes de passage. La cuisine est simple, variée et assez copieuse pour nos petits appétits. La patron est certes un peu taiseux, mais il a le mérite de parler un anglais aussi bon que le nôtre… c’est à dire très mauvais. Et là au moins on se comprend !
L’ambiance est agréable, colorée au début par le brouhaha jovial de la cour d’école toute proche, puis par celui des nationalités en tout genre qui profitent du lieu. Grecs, anglais, hollandais, allemands, français… l’assemblée est très internationale aujourd’hui et la bière coule à flot.
Pause digestive
L’addition payée (tarifs très corrects), nous reprenons le chemin pour faire notre deuxième pont du mois de mai quelques centaines de mètres plus loin. Et là ça tombe bien, nous qui sommes en pleine phase de digestion, on nous propose de faire un très grand pont !
Le plus beau et le plus grandiose de ces ouvrages de la région de Zagori (tous édifiés au 18e et 19e siècles) se trouve en effet ici, face au village de Kipi.
Plakida kalogeriko, c’est son nom, a été construit initialement en 1814 grâce au financement d’un moine (kalogeros en grec), puis reconstruit en 1865 grâce au don d’un habitant de Zagori, Alexis Plakida.
Cette merveille d’architecture à trois arches, essentielle à l’économie locale autrefois, est d’une élégance rare. S’intégrant parfaitement dans le paysage naturel des collines environnantes, elle ondule au-dessus de la rivière Voïdomatis avec la grâce du temps passé. Les habitants la surnomment « la chenille en mouvement », en raison de son aspect fascinant au dessus des frondaisons quand on l’observe de loin.
A l’image de plusieurs randonneurs anglophones qu’un mini-bus vient de déposer, nous prenons notre temps à découvrir ce magnifique ouvrage. Sur son dos ou à ses pieds, chacun déambule calmement ou s’assoie près du Voïdomatis pour profiter de l’instant. Ce patriarche bondissant fascine à l’évidence.
Le long du Voïdomatis
A partir de là, la trace GPX que nous avions suivait la rivière dans son lit vers l’aval, mais le chemin s’avère peu visible. Nous choisissons plutôt de passer un peu plus haut en rive gauche. Un sentier boisé presque horizontal longe le cours d’eau en hauteur pour retrouver un peu plus loin l’itinéraire délaissé.
Nous le récupérons au niveau d’un troisième pont, le Kokori’s stone bridge (1750). Un ouvrage à arche unique semblable au premier rencontré, mais qui en diffère par un détail : une petite ouverture a été ménagée ici sur l’un de ses côtés. Elle sert de trop-plein pour évacuer l’eau si la rivière s’amplifie, évitant ainsi que la pression affaiblisse la structure.
Un peu plus loin, après un passage reposant et agréable dans le lit de la rivière (à sec depuis le pont précédent), nous passons notre quatrième et dernier pont de la journée. Faire quatre ponts au mois de Mai, il n’y a que les français pour réaliser un tel exploit ! Celui-là a deux arches et se nomme le « pont de Misios », un moulin appartenant à Alexis Missios se trouvant autrefois ici. Il marque l’entrée de la partie principale des gorges de Vikos.
Contrairement aux trois ponts précédents, son tablier n’est pas délimité sur les côtés par des pierres fixées verticalement, mais par un parapet plus « récent » (1938). Pourquoi ? Pour cause de tradition Zagori ancienne.
En effet, chaque femme qui n’avait pas donné naissance à un enfant vivant devait grimper sur le pont et jeter l’une de ces pierres à l’eau. Et comme dans les villages des alentours le problème semble avoir été récurrent, le pont s’est retrouvé dénudé avec le temps.
Rencontre internationale
Après ce dernier pont, le sentier s’attaque à la pente pour monter jusqu’au village de Vitsa à travers bois. Un sentier qui est en fait un magnifique chemin, empierré avec grand soin au 17e siècle : « les escaliers de Vitsa ».
A la chapelle Saint Nicolas nous discutons quelques instants avec deux jeunes randonneurs assis dans un virage. L’un est iranien, l’autre hollandais. Enfin… quand on dit « discuter », c’est plutôt baragouiner quelques mots d’anglais et faire beaucoup de gestes. Heureusement, ces deux-là sont vifs d’esprit et comprennent assez facilement notre langage des signes à la sauce british.
Ils se sont rencontrés il y a quelques jours sur un chemin, ils ont sympathisés, et continuent ensemble maintenant leur visite de la région. C’est là toute la magie du voyage à pied ou à vélo.
Sur la trace de Baloo
Un peu plus haut, Fanny remarque sur le chemin une trace d’animal fraîche et imposante figée dans de la boue séchée. Ses contours sont nets, l’empreinte est plus grande que nos mains.
– « Qu’est-ce que c’est à ton avis ? »
– « Ben je ne sais pas trop. Un gros animal en tout cas »
– « Tu crois que ça peut être un ours »
– « Pffff… ben non bien sûr, il n’y a pas d’ours dans ce coin de la Grèce »
Nous repartons à peu près rassurés, et quelques mètres plus loin nous tombons sur ça :
Nous sommes au numéro 03 du plan et nous nous dirigeons vers le numéro 02 : « ours brun ». Sympas les grecs, ils nous préviennent de l’endroit exact où nous allons le rencontrer. Un casanier celui-là pour toujours attendre le randonneur au même endroit sans bouger !
Nous en sourions, mais l’information est évidemment à prendre au sérieux, même si elle ne nous inquiète pas plus que ça pour autant. Il est très rare de croiser un ours dans nos montagnes. Et même si ça devait arriver, il n’y a pas de crainte particulière à avoir. Il faut lui signaler notre présence calmement, ne pas l’exciter et le laisser repartir tranquillement. Les ours n’attaquent que s’ils sont surpris ou sentent un danger pour eux-mêmes ou leur progéniture.
On fait fissa à Vitsa
Un peu avant le village de Vitsa, nous découvrons l’église d’Agios Georgios (ou église des Taxiarques).
Construite au début du 17e siècle, un large auvent en pierre y est accolé. Il offre un espace plat et protégé des intempéries à ceux qui voudraient s’arrêter là pour bivouaquer.
L’entrée dans le village se fait par l’Est, au milieu de maisons traditionnelles en pierre toutes plus belles les unes que les autres. Certaines avancent en cascade dans la pente au dessus des gorges de Vikos, d’autres coulent des jours heureux plus en retrait.
C’est là que l’incontournable place centrale du village et son platane attendent le randonneur. Autour, la pierre est partout : au sol, sur les murs, sur les toits. Un décor très minéral auquel ce bel arbre aux branches tentaculaires et deux autres de ses compères plantés à proximité animent d’une touche de verdure salutaire.
Hélas, comme à Kapesovo, les quelques commerces du village (café, restaurant, hôtel) sont fermés. Il est 16 heures, le temps est lourd, il y a très peu de monde dans les rues, ils ouvriront certainement un peu plus tard. Nous, il nous faut continuer, la fatigue commence d’ailleurs à se faire sentir, nous repartons donc sans trop trainer vers Monodendri, arrivée de l’étape.
Le village de Monodendri
Une courte descente dans les bois et une dernière remontée, et nous voilà 45 minutes plus tard dans le village de Monodendri (littéralement « arbre unique »).
Comme à Vitsa la pierre est partout dans les rues, mais ici l’animation est plus grande. Peut-être que l’heure un peu plus tardive y est pour quelque chose. La taverne « Vikos Gorge » que nous rencontrons sur le chemin de notre hôtel du soir a déjà quelques clients en terrasse. Et au fur et à mesure que l’heure avance, nous découvrons que c’est tout le village qui s’éveille en douceur. Les touristes et leur valise à roulettes gagnent leur hébergement du soir, les serveurs prennent leur quartier devant leur commerce pour la soirée, les cafés s’animent, et les chaises des restaurants commencent à trouver preneurs.
Puisque nous avons un peu de temps avant de manger, nous allons visiter le théâtre à ciel ouvert en pierre du village. En forme d’amphithéâtre à la romaine, il est relativement récent et accueille principalement des représentations théâtrales ou des concerts l’été venu.
Nous dormons ce soir à l’hôtel Matzato sur le haut du village, un beau bâtiment en pierre sur deux niveaux.
Accueil agréable, chambre grande et confortable (il y a même un coin cuisine), repas possible (pizzas maison), tarif très correct (50 euros, petit-déjeuner compris), rien à dire sur cet hébergement, il est parfait.
Jour 2 : Monodendri > Papingo
Jour 2
Départ : Monodendri
Arrivée : Papingo
L'ÉTAPE
Distance totale : 16km
Temps : 5h30
Difficulté : difficile
Dénivelées cumulées : +1285m / -1405m
Altitude maxi : 1060m
Altitude mini : 580m
Démarrage difficile
Grosse étape aujourd’hui, la plus importante en termes de dénivelés cumulés.
Grosso modo, le profil descend dans les gorges de Vikos, suit la rivière pendant plusieurs kilomètres et remonte pour finir au village de Papingo. Ça ce sont les grandes lignes de l’étape. Dans la réalité de la vraie vie, c’est évidemment un peu plus cahotique.
Comme le morceau de la journée s’annonce assez long, nous décidons en nous levant de prendre un petit-déjeuner rapide à l’hôtel pour partir vite. D’autant plus qu’à l’image de la journée d’hier, la météo annonce une matinée plutôt ensoleillée, mais suivie d’une dégradation orageuse l’après-midi.
Et puis, et puis… quand nous avons découvert le buffet gargantuesque que l’on nous proposait, nous avons bizarrement changé d’idée : tomates, fromage en tranche, cake, omelette, oeufs, tarte au fromage, pain, beurre, confiture… Et tout ça à déguster sur une terrasse que le soleil commençait à réchauffer en douceur. Nous pouvons résister à beaucoup de choses, mais nous avons quand même nos limites !
Sainte mise en jambes
Avant de dégringoler dans les pentes des gorges, nous faisons un petit aller-retour au monastère de Sainte Parascève depuis le village. Vraiment n’hésitez pas, ne partez pas de Monodendri sans avoir fait cette visite facile, ça vaut vraiment le coup.
Un chemin pavé descendant en douceur vous y conduit en une dizaine de minutes.
Construit au début du 15e siècle en bordure de falaise, ce petit monastère abandonné est bourré de charme. Vous l’atteignez après avoir passé deux larges portes en pierre successives, suivies d’une petite cour. Là face à vous, plusieurs portes grandes ouvertes vous invitent à entrer. Celle de droite accède à l’église, celle de gauche traverse le bâtiment pour vous conduire à une minuscule terrasse. Ne la ratez pas, la vue sur les gorges de Vikos depuis là vaut le coup d’oeil.
Therianos, le seigneur qui édifia cette église, avait une jeune fille qui fut miraculeusement guérit de problèmes oculaires. C’est la raison pour laquelle Sainte Parascèse, martyre chrétienne invoquée par les croyants pour ce type de maladie, en est la patronne.
Record du monde
Pour bien commencer la journée, un vieux panneau nous annonce que nous entrons dans « les gorges les plus profondes du monde » ! (Guinness book of records de 1997). Hautes de 900 mètres à leur point le plus élevé, ce sont plus exactement les plus profondes, tenu compte de leur faible largeur. Le Grand Canyon en Arizona et ses 1800 mètres de hauteur par exemple a une profondeur plus importante. Mais il est beaucoup plus large. Pour être précis, ces gorges de Vikos seraient donc les plus encaissées du monde.
La descente au fond des gorges est assez courte (300m de dénivelés) mais plutôt sévère.
Elle permet de retrouver à travers bois le lit de la rivière Voïdomatis que nous avions quitté hier. Toujours à sec. Et le lit ici n’a plus tout à fait le même confort que la veille. On passe d’une classe plutôt ferme à du très très ferme ! Jusque là, les galets qui le tapissaient étaient de taille modeste. Changement de catégorie désormais, ce sont de gros blocs bien costauds qui vont nous accompagner un moment.
Petits maux de gorge
Sur le premier tiers environ du linéaire en fond de gorges, le chemin se fraie un passage entre les rochers comme il peut.
Il s’en écarte aussi par moment pour se faufiler entre les pierriers et les arbres sur la berge. La végétation est nombreuse sur les pentes des gorges, elle vient même fréquemment prendre racine au milieu de la rivière.
Un passage court mais un peu plus abrupt a même été « sécurisé » par une corde en guise de main courante pour aider le randonneur. Rien de bien méchant, juste une aide rassurante au cas où (un aperçu en est donné dans la vidéo de cette randonnée).
Nous faisons notre pause pique-nique un peu après, au beau milieu du lit de la rivière. Un phénomène assez étrange commence ici : l’eau réapparait. Là, comme ça, venue de nulle part. Elle refait surface ici et là entre les galets et le chaos des rochers, et de filet en filet, de confluence en confluence, devient ruisselet, puis ruisseau, puis rivière.
Nous sommes ici au niveau des gorges de Mégas Lakkos qui arrivent par le Nord. Peut-être qu’à cet endroit, les eaux souterraines sont plus importantes et qu’elles arrivent à résister un peu à la sécheresse. Peut-être. Mais pour combien de temps encore…
Cette belle résurgence ne fait toutefois pas long feu et disparait à nouveau dans le lit de la rivière au bout de quelques centaines de mètres.
Cette portion des gorges est la plus encaissée, et lever la tête donne un peu le tournis. Ça ressemble à nos gorges du Verdon, mais avec l’eau de la rivière en moins et sans le côté ludique du canyon français (escaliers, tunnels).
Allons à la source
Un chien sorti lui aussi de nulle part nous accompagne jusqu’au départ du sentier qui monte au village de Vikos. Quelques belles tortues aussi, mais leur rythme de marche est difficilement compatible avec le nôtre.
Pour raccourcir un peu l’étape, Vikos peut être une solution. Mais l’effort pour y monter (45 minutes) et en redescendre le lendemain n’a pas grand intérêt. Il reste deux heures pour rallier Papingo, l’effort sera certes un peu plus long aujourd’hui, mais il évite d’en rajouter demain.
Peu après ce carrefour arrive le clou du spectacle de la journée : les sources du Voïdomatis. On ne vous l’avait pas encore dit, mais le cachotier ne démarre en fait vraiment qu’ici. Avant, il coule par intermittence au fond des gorges, au gré des pluies et des saisons. Son débit est très faible et même souvent inexistant.
Mais à partir de là, la rivière ne plaisante plus. Elle jaillit à gros débit des entrailles de la montagne, au milieu de rochers moussus et d’une végétation luxuriante, avec une force et une beauté qui fascinent. Son eau cristalline d’un bleu clair hypnotisant est d’ailleurs à l’origine de son nom. Voïdomatis signifie en effet « oeil de boeuf », les boeufs de la région ayant les yeux… bleus clairs.
Son eau, toujours très fraîche (5° au plus), est réputée pour sa grande pureté. Si vos gourdes sont vides, c’est le moment de faire le plein. Vous ne trouverez pas d’autre point d’eau potable dans les gorges, sauf à prendre celle de la rivière en amont quand elle coule (filtrage recommandé).
A noter que de façon générale, en dehors des fontaines des villages toujours présentes, il existe peu de points d’eau sur cet itinéraire.
Dans la famille Papingo…
Il est temps maintenant d’attaquer la montée vers Papingo.
La traversée du Voïdomatis se fait à gué juste en amont de la résurgence. Derrière, ça grimpe vite et assez fort sur 300 bons mètres de dénivelés. Le sentier s’accroche à la pente des gorges, alternant passage en zone boisée ou rocailleuse et pierriers.
La descente qui suit vers le ruisseau Rogovo permet de récupérer tranquillement, avant l’ascension finale vers le village.
Un peu avant ce ruisseau, se présente le carrefour avec le chemin d’accès au village de Mikro Papingo (littéralement « petit » Papingo).
Situé en face de Papingo sur le versant opposé du cours d’eau, il peut être une solution d’étape. Il permet ainsi de réduire un peu la marche du lendemain (une bonne demi-heure), sans trop rallonger celle du jour (une dizaine de minutes). Il évite aussi les 2km de petite route qui relie Papingo à Mikro Papingo.
Mais il a toutefois deux inconvénients.
Le premier est de ne pas passer à Papingo et donc de ne pas le visiter, ce qui est dommage.
Le second est de ne pas permettre de jeter un oeil (ou même le corps entier !) dans les belles piscines naturelles qui se situent entre les deux villages. Cachées en retrait de la route, on y accède facilement par un sentier d’une centaine de mètres qui démarre dans la première épingle à cheveu. C’est plein de charme, intimiste (hors été) et très (très !!!) rafraichissant.
Opération de secours
Le petit pont qui permettait autrefois de franchir le Rogovo est détruit, il ne reste que quelques vestiges d’une pile. Pas de souci, le passage à gué se fait sans problème.
Dans la montée qui suit pour atteindre Papingo, nous nous retrouvons rapidement derrière un important groupe d’individus. Des pompiers remontent une femme blessée, allongée dans une civière supportée par une roue unique. Probablement une randonneuse ou une spéléologue qui a mal chuté.
Il fait très chaud, la pente est raide, le chemin est étroit et sinueux, les secouristes ont du mal. Nous profitons de l’une de leur courte pause pour les dépasser rapidement.
Arrivés au village, trois voitures de pompiers et une voiture de police attendent les secouristes et le blessé. De gros moyens qui laissent supposer que cette opération de secours n’a pas dû être des plus faciles.
Mais c’est où qu’il est donc ?
Il est 17 heures, il fait beau, on se dit que nous allons rapidement poser nos affaires à la chambre d’hôtes du soir et flâner ensuite dans les rues pour faire quelques photos.
Nous recherchons notre adresse du soir assis sur un muret devant la magnifique église orthodoxe du village : Saint Vlasios. Construite en 1852, son clocher indépendant de 15 mètres de hauteur est d’une belle élégance.
« Astraka rooms » est le nom de notre hébergement. Le GPS nous y conduit sans hésitation apparente, à travers un dédale de maisons et de rues toujours aussi minérales. Hélas, le bâtiment auquel nous arrivons est la maison d’un particulier. Grrr…
Nous tentons une nouvelle recherche sur le téléphone, mais rien d’autre à ce nom-là.
On interroge une première personne, elle nous envoie vers un restaurant… fermé.
On cherche, à gauche, à droite, on prie Saint Vlasios de nous donner un coup de main, toujours rien.
Une serveuse s’active en terrasse, on tente notre chance. Elle parle anglais avec un accent grec à couper au couteau, trop compliqué pour nous. On ne retient qu’une vague direction. Bah, prenons donc la vague, on ne sait jamais…
C’est en mode surfeur désormais que nous suivons la direction indiquée. Nous avons déjà arpenté cette rue, on a dû rater quelque chose. Dans un angle de la voie, un panneau « Astraka Guesthouse » sur un portail suivi d’un passage privé entre deux maisons mène dans une cour. On avance prudemment comme deux voleurs, une porte s’ouvre, une femme souriante sort de sa maison : « Hello ! » Ouf, on y est, enfin. Trois quarts d’heure pour trouver un hébergement dans un village de 200 habitants, il faut le faire.
Changement de programme
Il est trop tard maintenant pour repartir en vadrouille, d’autant plus que la pluie commence à tomber et que l’orage gronde au loin sur les sommets. Nous en profitons pour nous installer tranquillement dans la chambre.
Vaste, avec cuisine et grande salle d’eau séparées, elle est propre mais sombre et froide. Entre les murs de pierre, le carrelage du plancher et les plafonds en bois de cette vieille maison traditionnelle, nous avons du mal à nous réchauffer.
Une sortie tardive dans le village nous aide à retrouver quelques couleurs. Les pavés mouillés reflètent joliment les lumières des lampadaires et des devantures, des promeneurs déambulent dans le calme, il fait bon mettre le nez dehors.
La journée s’achève dans un petit restaurant. L’ambiance est agréable, mais ici comme pour notre chambre du soir, les tarifs sont plutôt élevés. Papingo est plus touristique que Monodendri, notre portefeuille nous l’assure.
Il est temps de dormir un peu, la journée a été longue et demain une montée vers les sommets nous attend.
Jour 3 : Papingo > Refuge Astraka
Jour 3
Départ : Papingo
Arrivée : Refuge Astraka
L'ÉTAPE
Distance totale : 8km
Temps : 3h30
Difficulté : moyen
Dénivelées cumulées : +1040m / -75m
Altitude maxi : 1910m
Altitude mini : 880m
Le plein de carburant
La météo prévoie des orages dans l’après-midi, nous nous levons tôt (6h30).
Nous avons aussi un problème à résoudre avant de partir : le ravitaillement. Nous espérions trouver à Papingo une épicerie ou un snack, mais le petit « Super market » du village a fermé ses portes définitivement et le seul snack du village n’est pas encore ouvert en mai. Il nous reste encore deux jours de marche à faire et nous n’avons plus de nourriture.
Cerise sur le gâteau, le refuge Astraka sur lequel nous comptions pour assurer les repas du midi, du soir et du lendemain matin (voire du pique-nique demain) nous a appris hier par email qu’il n’ouvre qu’à partir de la semaine prochaine.
Dernière solution : la gérante de la chambre d’hôtes. Nous profitons du service de son excellent petit-déjeuner (encore plus complet que la veille à Monodendri) pour lui en parler. Pas de souci, elle peut nous préparer quatre « sandwichs », à savoir deux tranches de pain de mie toastées et garnies. Ça ira très bien, de quoi assurer nos futurs repas en les complétant des cakes au fromage qu’elle nous sert ce matin et qui sont de trop pour nous.
On coupe ou pas ?
Plutôt que de regagner tout de suite la route principale qui mène à Mirko Papingo, nous choisissons de passer plus au Nord par un sentier en bout de village. Cette option est plus courte et évite quelques centaines de mètres de bitume.
Il rejoint peu après la route, 300 mètres environ avant un départ de sentier descendant sur la droite.
Ce sentier mène au ruisseau de Rogovo, en amont du gué passé hier. Il le franchit à l’aide d’un pont à arche unique, de taille toutefois bien plus modeste que ceux du premier jour.
Le chemin grimpe ensuite la pente opposée pour rejoindre à nouveau la route. Il permet ainsi de rallier plus directement mais aussi plus sévèrement Mikro Papingo.
Nous sommes en phase de démarrage, nous lui préférons le bitume qui permet d’atteindre plus en douceur le village en deux kilomètres environ. Et qui aussi, comme souligné précédemment, permet de faire un saut un peu plus loin aux fameuses piscines naturelles du coin (en partie agrandies grâce à la construction de petits ouvrages en béton). C’est beau, c’est frais, il fait déjà chaud ce matin, ce lieu caché, rocailleux et naturel nous pousse à une première pause.
Petit mais costaud
C’est ici que nous rejoignent deux chiens. Plus exactement une chienne âgée au regard doux, type labrador croisé, et un petit chien tout fou, coloré de blanc et de noir. Leurs colliers laissent supposer qu’ils sont probablement du village et qu’ils connaissent bien les chemins du secteur. Ils nous tiendront compagnie toute la matinée, jusqu’à l’arrivée au refuge.
Le village de Mikro Papingo, comme son nom l’indique, est plus petit que son voisin. Il n’en a pas pour autant moins de charme.
La grande église et les deux énormes platanes qui en marquent l’entrée annoncent la couleur. Les maisons traditionnelles en pierre et les superbes vues qui s’ouvrent sur la vallée complètent le tableau. Petit peut-être, mais très beau quand même.
Par contre, pas de commerces ici, vous ne trouverez en termes de commodités que des chambres d’hôtes.
Montée vers les sommets
A la sortie du village, le sentier rocailleux prend le relais de la rue pavée. La montée vers le refuge est annoncée : « 3 heures » dit un panneau.
Le profil nous laisse tranquille les premiers hectomètres, puis devient plus sérieux ensuite. Nous sommes à 1000 mètres d’altitude environ, un couvert forestier léger nous accompagne jusqu’à 1400 mètres. Quand le soleil tape comme aujourd’hui, c’est toujours bon à prendre.
Le long de cette montée vers le refuge Astraka, cinq fontaines et abris ont été aménagé. Le ravitaillement en eau n’est donc pas un problème (hors été tout au moins), et en cas de temps très maussade, le randonneur peut s’y abriter.
Au-delà des 1400 mètres d’altitude, la forêt nous abandonne et laisse place à un paysage alpin beaucoup plus dégagé et minéral. Nous suivons un vallon peu marqué qui monte le long des pentes des montagnes Astraka, toujours en compagnie de nos deux amis à quatre pattes.
Le petit fou commence à tirer la langue à force de courir dans tous les sens, la grande sage aussi, même si son pas est d’une régularité exemplaire depuis le départ. Le poids de l’âge…
Astraka nous voilà
Nous atteignons Astraka vers 11h30.
Le gros refuge, construit en 1966 et rénové en 2004 (51 places) est évidemment fermé (même en priant Saint Vlasios nous savions que le résultat serait le même). Il n’offre aucun espace intérieur accessible pour l’hiver et il n’y a aucun point d’eau apparent à l’extérieur. Bref, il va falloir faire avec ce qu’on a.
Nous sommes pour l’instant seuls, mais plusieurs tentes autoportantes flottent au vent de la terrasse du refuge, arrimées à ses poteaux. Probablement des randonneurs qui ont dormi là (ou qui vont le faire cette nuit) et qui sont partis explorer les alentours.
Des alentours qui nous ravissent et nous inquiètent un peu en même temps.
Ravis, parce que ce refuge se trouve sur un col et que nous pouvons découvrir depuis là les paysages qui s’étendent plus à l’Est. En contrebas du col, un lac et des bergeries reposent dans une vallée. Derrière, des sommets partiellement enneigés montent la garde. Plus loin encore, les crêtes ondulent sur l’horizon au milieu des nuages. La vue est magnifique, de ce côté comme de l’autre.
Inquiets, parce que le chemin que nous devons prendre au pied du col en direction du Sud-Est est partiellement sous la neige. Et il semble l’être longtemps.
Comme celui qui mène au lac du Dragon, que nous envisagions de découvrir en aller-retour dans l’après-midi. Mais le ciel se couvre, les conditions deviennent défavorables pour le faire, nous y renonçons.
Réflexions
Le vent est frais à 2000 mètres d’altitude, un recoin ensoleillé au pied du bâtiment nous permet de pique niquer à l’abri des courants d’air. Devant nous des chamois broutent au loin, accrochés à la montagne près d’une cascade jaillissant des rochers.
Un premier randonneur se joint à nous sans un mot, et repart rapidement après s’être restauré.
Un autre arrive peu après, accompagné d’un chien. Un vieux grec aux allures de berger. Peut-être celui du lac. Il est rejoint rapidement par deux jeunes qui le connaissent.
Je leur demande s’ils savent si le chemin que nous prendrons demain est praticable. L’un des jeunes traduit notre question à l’ancien. Il est un peu sceptique. Ce n’est pas vraiment non, mais ce n’est pas vraiment oui non plus. Ce qui est sûr c’est que si nous y allons, nous serons les premiers de l’année à y passer depuis la fin de l’hiver.
Après leur départ, l’après-midi à peine entamée, Eric décide d’aller reconnaître les premiers hectomètres de cette portion sous la neige.
La descente du col n’est pas très longue (20 minutes) et dégagée, il accède rapidement à la zone délicate. Légèrement montante, elle est couverte d’une couche de neige plus ou moins épaisse et relativement dure. Ça semble sans danger. Quelques coulées descendent des pentes de la montagne sur les côtés, mais elles restent éloignées de l’itinéraire. Pour se repérer, à défaut de voir le sentier, il suit la trace GPX sur son téléphone. Une bonne demi-heure durant, il avance jusqu’à un semblant de crête, espérant voir jusqu’où la neige nous accompagnera. Sans succès. D’autres crêtes enneigées bloquent plus loin encore le regard. Tant pis, nous attendrons demain pour voir ce qui se cache derrière.
Le temps se gâte
Le reste de l’après-midi passe vite, le temps devient de plus en plus menaçant.
Il est 17 heures quand deux jeunes d’une vingtaine d’années arrivent de Papingo. Veste légère à capuche, pantalon de survêtement, baskets, petit sac de 20 litres, téléphone à la main, le look est plus banlieusard que randonneur. Nous les imaginons être montés jusque là pour profiter du paysage et du grand air et redescendre ensuite. Eh bien non, pas du tout ! Ils veulent aller au lac du Dragon, quelque soit l’heure, quelque soit le temps. Et ils y vont ! Pas d’imperméables, aucun matériel de couchage, mais peu importe, rien ne les inquiète.
Quelques instants plus tard, sous la pluie et l’orage, six grecs reviennent justement du lac. Les tentes accrochées au refuge, c’est eux. A peine arrivés, ils plongent dans leur abri léger, nous ne les reverrons plus de la soirée. Ni eux, ni les deux jeunes partis tardivement vers le lac.
De notre côté, nous nous sommes rapidement mis au sec aussi. La tente est installée sous une terrasse en bois à claire-voie. Le sol est en béton, elle tient debout uniquement grâce à son auto-portance. Peu importe, la vue que nous avons d’ici compense largement ce petit désgrément.
Mais la pluie tombe fortement et longuement, elle ruisselle autour de nous. Trop pour notre toile intérieure que les années ont peu à peu affaibli au niveau du sol. Percée par de multiples micro perforations, l’eau s’infiltre lentement par le bas. L’humidité gagne nos matelas, heureusement assez épais pour ne pas la laisser remonter jusqu’aux duvets.
Une courte éclaircie laisse passer les derniers rayons de soleil du jour. Le ciel s’illumine de rose, de jaune, de bleu, le spectacle est magnifique. La nuit va être fraîche, mais elle est déjà belle.
Jour 4 : Refuge Astraka > Kapesovo
Jour 4
Départ : Refuge Astraka
Arrivée : Kapesovo
L'ÉTAPE
Distance totale : 17km
Temps : 6h00
Difficulté : moyen
Dénivelées cumulées : +475m / -1245m
Altitude maxi : 1990m
Altitude mini : 1080m
Au saut du lit
Pluie, grêle, vent, froid… la nuit a été compliquée et nous avons peu récupéré. La journée s’annonce pourtant longue et aventureuse, il nous faudra toute notre énergie pour la passer.
Levés à 6h30 sous un grand ciel bleu, nous ne traînons pas pour partir. La tente est trempée, les matelas sont en partie mouillés, nos imperméables aussi (ils ont servi à bloquer un peu les remontées d’eau dans la tente), mais ce n’est pas très grave, ils sècheront plus tard, dès que l’occasion se présentera.
Les grecs qui ont dormi au dessus de nous sont aussi debout, l’un d’eux pilotant à la première heure un drone pour filmer le refuge et ses alentours. Couchés tard, nous imaginions qu’ils prendraient leur temps ce matin, eh bien non. Au contraire, c’est leur gros bourdon volant qui nous a réveillé.
Le chemin blanc
Nous descendons le col par le même sentier emprunté hier par Eric parti en reconnaissance. Pas beaucoup de neige sur ce versant, mais une multitude de chemins dans tous les sens, rocailleux et boueux, rien de bien agréable pour débuter.
Arrivés en bas, après avoir franchi la rivière qui alimente le lac, le parcours sur la neige commence. Les reliefs sont doux, quelques affleurements rocheux ponctuent de leur masse grisâtre la blancheur du terrain, le soleil brille, la journée se présente sous de bons auspices.
Téléphone et trace GPX à la main, Eric suit au mieux l’invisible chemin qui se cache sous nos pieds. Quelques poteaux de « l’Epirus trail » dépassant du manteau neigeux nous aident un peu dans notre orientation, mais ils sont trop peu nombreux pour nous guider suffisamment.
Au loin, deux chamois dévalent la pente de la montagne avec une facilité déconcertante. L’un d’eux prend la pose devant nous quelques instants et s’en va.
A part celle des animaux, pas une seule empreinte de pas dans la neige ici. La nature est reine, nous sommes seuls au monde au milieu des montagnes. C’est la première fois depuis que nous sommes partis il y a trois jours que nous ressentons cette solitude. Nous sommes maintenant complètement déconnectés de toute vie humaine, nous entrons pour plusieurs heures dans un espace préservé que l’hiver a protégé jusque là.
L’hiver se dénude
Deux heures plus tard nous atteignons le lac Robozi.
Couvert de neige mêlée de glace, c’est surtout le petit barrage qui retient ses eaux qui trahit sa présence.
Plus loin, par petites touches de plus en plus présentes, le vert des pâturages commence à apparaitre. Des ilots de verdure que le rose tendre des premiers crocus de l’année vient colorer ici et là. Comme des affamés de lumière et de chaleur, ils ouvrent leurs dents de pétales pointues vers le soleil.
Le sentier peu à peu refait surface, se dégageant de son manteau d’hiver pour enfiler celui du printemps. La neige sait qu’elle a perdu le combat, ses eaux fondent et ruissellent gaiement dans les vallons, heureuses de retrouver leur liberté.
Le profil est maintenant descendant, et rejoint peu à peu le début des gorges de Mégas Lakkos (la « grande fosse »). Elles naissent ici timidement pour s’approfondir peu à peu jusqu’à une hauteur de 600 mètres environ à leur jonction avec celles de Vikos.
Retour à la normale
Peu avant le carrefour avec le sentier menant à Tsepelovo, nous profitons d’une source généreuse pour nous rafraichir. Nos gourdes commençaient en effet à tirer un peu la langue, le dernier point d’eau que nous avions rencontré remontant à hier matin, dans la montée au refuge.
A partir de là, nous entrons dans la partie la plus impressionnante de ces gorges. Les falaises nous dominent d’un côté, et la pente s’enfonce de plus en plus sévèrement et profondément de l’autre.
Ce qui nous rassure, c’est que nous en avons fini avec la neige depuis un petit moment. Il reste bien quelques névés accrochés aux parois par endroits, mais ils sont haut. Place maintenant à la rocaille, aux pierriers et aux pelouses rases dénuées de toute végétation arbustive.
L’invité surprise
Et puis…
Alors que nous avancions tranquillement sur un sentier étroit agrippé à la falaise, à l’ombre de la paroi surgit un névé. Le bloc de neige est encore partiellement gelé, il occupe toute la largeur du passage sur 4 à 5 mètres de profondeur. Sa surface, très glissante et fortement inclinée vers le fond des gorges, est à 2m00 de hauteur environ côté falaise (sur la gauche) et se termine à nos pieds un peu en dessous du chemin (sur la droite), dans la pente du ravin. Impossible de passer par dessus, le risque de glissade sans retour est beaucoup trop grand. La seule solution est de contourner ce névé par en dessous, en passant dans le pierrier.
Nous réfléchissons rapidement.
Soit nous continuons en franchissant l’obstacle, soit nous faisons demi-tour et prenons le chemin de Tsepelovo. Nous hésitons un peu, mais la deuxième solution nous emballe guère. Elle rajouterait une à deux heures de marche à une journée déjà bien longue, et des orages sont prévus dans l’après-midi.
Nous allons donc essayer de passer ce névé, en faisant très attention.
Premier passage
Eric s’avance le premier. Il n’y a que 4 ou 5 pas à faire sous le névé dans la pente du ravin, mais le terrain est particulièrement instable. A chaque fois qu’il pose son pied, les petits cailloux du pierrier glissent vers le bas comme des billes, le terrain se dérobe. Et il n’y a pas un seul arbuste ici pour se retenir en cas de chute.
Pour garder l’équilibre, il utilise son bâton de bois, planté dans les cailloux côté vide. Une sécurité nécessaire mais pas forcément suffisante. Si le bâton part, il part avec. Et là, impossible de s’arrêter dans la pente, c’est 200 à 250 mètres de chute assurés. Pas le droit à l’erreur.
Il n’en mène pas large, le ravin est impressionnant, il vaut mieux ne pas regarder en bas . Pas après pas, les muscles tendus, il progresse très lentement, s’assurant que son bâton soit bien enfoncé dans la pente. Le sac à dos est lourd et haut, il rend l’exercice plus difficile, il faut rester le plus droit possible. Deux, trois, quatre mètres, ça y est, il est passé.
Moment de frayeur
Fanny s’engage à son tour, particulièrement concentrée. Elle plante l’un de ses bâtons télescopiques dans la pente et s’avance en s’appuyant dessus. Son premier pied n’est pas encore posé sur la première marque laissée par Eric qu’un clapet de serrage du bâton commence à faiblir. Pourtant vissé au maximum, le poids à supporter est trop important pour lui, le bâton s’affaisse. Fanny perd légèrement l’équilibre, sa jambe d’appui déjà dans la pente compense comme elle peut, ça tangue un peu mais elle reste debout. Grosse frayeur.
Impossible de continuer comme ça. Eric revient vers elle d’un ou deux pas, et lui tend son bâton en bois. Celui là au moins il ne fléchira pas. Le stress est à son maximum, la peur pour soi et pour l’autre nous bouffe une énergie folle. Mais ça y est, Fanny franchit l’obstacle à son tour, la rigidité rassurante du bâton a fait son travail.
Ouf !!
Fausse joie
Nous reprenons le chemin, à la fois complètement vidés et en même temps heureux d‘avoir passé l’obstacle. Le soulagement est profond, nos têtes et nos corps se relâchent rapidement, la tension s’évacue. Nous allons bientôt pouvoir sortir de ces gorges et retrouver des terrains un peu plus hospitaliers. Ce n’est pas de refus, nous en avons besoin.
Hélas, quelques centaines de mètres plus loin, rebelote. Même obstacle, même problème. Un névé de taille identique barre le chemin. Sauf que là nous ne sommes plus vraiment dans les mêmes dispositions d’esprit. Dans nos têtes nous en avions terminé avec les grosses difficultés. Et là, il faut recommencer. Sans savoir si plus loin encore d’autres névés ne vont pas à nouveau nous bloquer. Le souci maintenant c’est que l’option du demi-tour devient aussi peu intéressante que de continuer. Il faudrait repasser en sens inverse le névé précédent et prendre autant de risques que si nous essayons de passer celui-là. Sans intérêt.
En avant
Nous croisons donc les doigts pour que cet obstacle soit le dernier de ces gorges et décidons de le contourner. Il a un avantage : un petit arbuste est enraciné dans la pente sous le chemin, il offre un appui assez sûr. Deux pas avant lui, un sur lui et deux autres après seront nécessaires pour contourner le névé, pas plus.
Grâce à lui, nous passons l’obstacle un peu plus « aisément », même si le stress est à nouveau bien présent. Nous ressortons de là une nouvelle fois lessivés, mais cette fois-ci le relâchement ne vient pas vraiment. Nous restons préoccupés par ce que nous pourrions encore rencontrer dans les prochaines minutes. Et là il n’ y aura plus de choix possible si le cas se présente. Coincés entre des névés devant et derrière nous, il faudra continuer à avancer le long de ces gorges.
Fin de galère
Dix minutes plus tard, le chemin profite d’une brèche dans les falaises pour s’élever peu à peu. Nous sortons enfin des gorges et rejoignons rapidement un vallon paisible qui serpente entre des collines rocailleuses.
Encore un effort et nous atteignons un point haut vers 1750m d’altitude qui domine les vallées de Tsepelovo et de Kapesovo. Ça y est, maintenant nous en sommes sûr, nous en avons terminé avec les névés. Les versants que nous allons descendre sont exposés au sud, pas une seule plaque de neige n’est visible à l’horizon, ça va le faire.
Il est déjà midi, nous sommes fatigués et la faim commence à se faire sentir. Cette hauteur où des vaches paissent près d’un bassin circulaire empierré (l’équivalent de notre lavogne du Sud-est) est ventée, l’endroit n’est pas idéal.
Nous choisissons de poursuivre un peu pour trouver mieux, en tirant au plus droit vers Kapesovo.
Le paysage est complètement différent de ce que nous avons vu depuis notre départ ce matin. Ici ce sont des pelouses rases au milieu de la rocaille, hérissées par endroit de petits arbustes. Le relief est accidenté mais de façon légère, le sol est sec, calcaire, pauvre.
Descente vers Kapesovo
Plusieurs pistes ou sentiers filent vers la vallée. Le premier que nous prenons nous amène assez vite et sans difficulté jusqu’au croisement d’une piste. Nous la suivons quelques mètres et prenons sur la gauche un sentier répertorié sur notre carte mais que nous avons bien du mal à trouver.
Rapidement, il s’enfonce dans un terrain de marnes grises bosselées où nous le perdons. La trace GPX en notre possession ne correspond à aucun chemin sur place. Nous avançons de bosses en creux à la recherche du sentier, tout en vérifiant que l’on ne s’éloigne pas trop de la trace théorique. Nous le retrouvons 500 mètres plus loin, après de nouveaux efforts en mode tout-terrain qui nous usent encore un peu plus.
Le sentier nous conduit dans une belle ambiance champêtre jusqu’à un bâtiment en pierre rectangulaire isolé. Une chapelle semble-t-il. Le soleil est toujours là, de l’herbe tendre nous invite à nous assoir, nous pique-niquons là, il est grand temps.
Un final de toute beauté
Une dernière portion de chemin nous amène au petit village de Vradeto.
Avant même d’y entrer, un air de musique accompagné de voix joyeuses monte jusqu’à nous. Nous sommes dimanche et les grecs semblent apprécier se retrouver en famille et entre amis ce jour-là. Du monde fait ripaille autour d’une table sur la grande terrasse d’un café. Ça mange, ça boit, ça rit, ça chante, c’est agréablement vivant.
Nous traversons rapidement ce hameau plein de charme (à noter la présence de toilettes publiques, fait assez rare dans ces villages de montagne), et prenons la petite route en impasse qui le dessert.
300 mètres plus loin, le sentier part sur la droite pour s’enfoncer dans la vallée. De l’autre côté, Kapesovo et notre fourgon nous attendent.
Le plus long serpent de Zagori
Au bout de quelques centaines de mètres, le chemin se couvre de pavés soigneusement posés. Il commence à descendre en douceur puis son profil s’accentue rapidement. Nous entrons dans la gorge de Mezaria qui sépare les villages de Vradeto et Kapesovo. Et sur ce versant, la pente est si raide que le chemin qui la dévale est appelé « l‘escalier de Vradeto ».
Pas vraiment de marches pourtant ici, mais surtout une succession de lacets en pierre soutenus par de magnifiques murs de soutènement qui laissent bouche bée. Vu du ciel ou du versant opposé, on croirait voir un serpent glisser vers le fond des gorges.
Long de 1500m, comprenant 1200 marches et 39 virages, cet ouvrage extraordinaire a été construit à la fin du 18° siècle pour désenclaver le village de Vradeto. Réalisé par les meilleurs artisans de la région, il est resté le seul moyen de communication du village jusqu’à la construction de la route en 1973.
Arrivés à son pied, un joli pont en pierre à arche unique et parapet nous permet de franchir la rivière.
Une dernière portion de chemin, moins sévère et toujours aussi magnifiquement pavée, assure ensuite la remontée sur le versant opposé. La vue se dégage progressivement sur l’escalier de Vradeto que nous venons de descendre, et le spectacle est toujours aussi impressionnant.
Nous voilà de retour à l’entrée de Kapesovo, notre véhicule est toujours là, réchauffé par le soleil et prêt à repartir. Mais les nuages noircissent, le ciel gronde, le temps sec ne va pas résister encore longtemps.
Nous avons à peine le temps de ranger nos affaires et nous installer qu’une pluie battante et un violent orage de grêle s’abattent sur le village et tous les environs ! Heureusement que nous n’étions plus sur les chemins.
Si vous souhaitez découvrir aussi cette très belle randonnée en vidéo, c’est par ci :
INFORMATIONS PRATIQUES
VENIR EN SAC A DOS :
A défaut d’avoir un réseau ferroviaire important, la Grèce a développé de nombreuses lignes de bus entre les principales villes du pays, complétées par des lignes secondaires desservant des localités plus petites.
Depuis Athènes ou Thessalonique par exemple, il est aisé de rejoindre Ioannina (la capitale régionale du secteur de Zagori) par ce moyen de transport via la compagnie Ktel
Depuis Ioannina par contre, peu de bus assurent la desserte des villages de Zagori.
Ktel offre quelques solutions vers Tsepelovo et Kapesovo, Kipi, Vitsa et Monodendri, et Papingo certains jours de la semaine et deux fois par jour.
Ces dessertes étant sujettes à modifications fréquentes, il est fortement conseillé de s’adresser à la gare routière de Ioannina pour tout renseignement sur les horaires (tél : +30 2651025014)
HÉBERGEMENT / RESTAURATION :
1) Les villages
– Tous les principaux villages de cet itinéraire (Tsepelovo, Kapesovo, Kipi, Vitsa, Monodendri, Vikos et Papingo) offrent des solutions d’hébergement (chambre d’hôtes et/ou hôtel) et de restauration (restaurants, cafés).
Nous avons testé :
• La Taverne Mickaël à Kipi : restaurant à l’accueil un peu distant mais cuisine variée, copieuse et prix doux.
• L’hôtel Matzato à Monodendri : accueil et chambre impeccables, repas possible (pizzas), prix très corrects.
• Astraka Guesthouse à Papingo : chambre d’hôtes dans une maison du village, qui a le charme de l’authenticité mais qui en a aussi la fraîcheur. Accueil satisfaisant, bon petit-déjeuner, prix moyens.
• Toujours à Papingo, le restaurant Aris journeys of flavors. Belle salle, très bonne cuisine, mais prix assez élevés.
– Par contre, nous n’avons pas trouvé de solutions de ravitaillement dans ceux que nous avons visités (épicerie, boulangerie…). Elles existent peut-être pendant l’été, mais à défaut, la solution est d’acheter des provisions sur son lieu d’hébergement ou de restauration du soir (voire à un café). Des fruits, des cakes au fromage ou des sandwichs (deux tranches de pain de mie toastées et garnies) sont souvent faciles à obtenir.
– Concernant l’eau potable, chaque village a une fontaine où l’on peut remplir ses gourdes.
2) Le refuge d’Astraka
Ouvert généralement de fin mai à fin septembre, le refuge Astraka propose 51 couchages en dortoir. Les réservations se font par mail à : info@astrakarefuge.com
En termes de restauration, il propose une carte variée (entrées, plats, fromage) et des boissons froides ou chaudes.
STATIONNEMENT :
Des parkings gratuits existent à proximité immédiate de chacun des villages de cet itinéraire. Leur taille est plus ou moins importante selon le village concerné, le plus difficile étant de trouver une place libre en arrivant.
– Celui de Kapesovo d’où nous sommes partis est très petit (3 ou 4 places).
– Celui de Monodendri où nous avons dormi en fourgon après notre randonnée est plus grand (15 places environ)
– Celui de Papingo, pour l’avoir vu, est probablement le plus important de tous (au moins 30 places).
DIVERS :
Nous avons réalisé cette boucle en quatre jours, c’est la durée moyenne à prévoir.
Pour ceux qui voudraient faire encore plus, une partie de cet itinéraire suit un sentier de grande randonnée encore plus important : l‘Epirus trail. Long de 370km, il parcourt les montagnes de l’Epire en s’appuyant sur les anciens chemins reliant les villages autrefois. Une belle aventure en perspective.
(Cette randonnée en pays Zagori s’est faite en mai 2022)
Laisser un commentaire