Chaque photographe a son langage. On en comprend certains, d’autres non.
Ce jour-là, le temps se prêtait à parler une langue universelle. On l’appelle la beauté.
Petite balade fraicheur au puy de Pariou…
Nous avons du mal avec la rigueur de l’hiver. Il faut qu’on se fasse violence pour accepter de sortir prendre l’air quand il fait froid. Même pour faire des photos. Mais ce jour là, nous voulions aller à sa rencontre.
Quelque temps auparavant, en revenant de Clermont-Ferrand, nous avions traversé le secteur du puy de Pariou. Le gel avait figé la neige tombée abondamment les jours précédents, un spectacle grandiose et envoûtant s’offrait au passant. Le temps nous manquait pour nous arrêter cette fois-ci, mais le charme du lieu avait fait son oeuvre. Nous allions y revenir rapidement, on se l’était promis.
Deux jours après, couverts chaudement comme deux bibendums (pays des frères Michelin oblige), nous étions là de nouveau.
Le temps de nous garer près du col des Goules, et nous voilà déjà entrés dans ce paysage de Noël, entre ciel et terre, ombre et lumière, les yeux écarquillés.
Nous avons marché au milieu des forêts, respiré l’air frais des sommets, admiré les vallées lointaines, et photographié ; un peu, beaucoup, passionnément.
Goules, Pariou, Cliersou, trois puys gravis à pas feutrés et autant d’instants magiques. C’était apaisant, merveilleux, féerique. Comme un soir d’enfance à l’heure du marchand de sable, quand une voix aimante vient nous chuchoter à l’oreille un conte des mille et une nuit.
Deux gamins enveloppés de bonheur qui déambulent dans leur rêve, voilà ce que nous étions ce jour-là.
Le froid aurait pu nous dissuader de venir là, mais la beauté des lieux nous a convaincu de l’inverse. Et c’est tant mieux.
La photographie peut se pratiquer partout et à tout moment. Il n’y a pas de bon ou de mauvais temps, ni de bon ou de mauvais endroit. A chacun de dépasser les contraintes qui se présentent, de s’adapter à l’instant vécu et de trouver ses propres mots en image.
Tout le monde ne les comprendra pas. Chaque photographe a son langage, plus ou moins clair, plus ou moins accessible. L’important est d’essayer de transmettre un peu de soi le plus sincèrement possible. Le reste ne nous appartient pas vraiment, il dépendra beaucoup du chemin que prendra l’image et de ceux qu’elle rencontrera.
Il y aura quelques « photophones » de temps à temps parmi eux, ceux qui parlent la même langue que nous. On évoquera alors un peu le pays, heureux de partager une même sensibilité. Ça fait du bien ces moments-là.
Et vous, parlez-vous la langue de chez nous ?
Le blanc lui va si bien
« À Noël, je n’ai pas plus envie de rose
que je ne voudrais de neige au printemps.
J’aime chaque saison pour ce qu’elle apporte »
(William Shakespeare)
Laisser un commentaire