Le voyage en fourgon est souvent synonyme de spot de rêve
au coeur d’une nature éblouissante, allongé au soleil les pieds en éventail,
une boisson fraîche à la main. Mais y croyez-vous vraiment ?
Dormir n’est pas toujours de tout repos
Les voyages itinérants, nomades, autonomes (on les appelle un peu comme on veut) en fourgon ou en camping-car nécessitent de trouver chaque soir un endroit pour dormir.
Plusieurs facteurs sont à prendre en compte :
Ceux qui sont inhérents au fonctionnement du véhicule (facteurs épisodiques) :
- Capacité à se ravitailler en eau pour remplir la cuve
- Possibilité de vider les eaux grises (cuisine, douche) et/ou noires (WC)
- Nécessité d’un raccordement au réseau électrique
Et ceux qui concernent le lieu en lui-même (facteurs constants) :
- S’assurer de l’autorisation pour passer la nuit avec son véhicule à l’endroit choisi
- Ne déranger ni les êtres humains présents à proximité ni la faune environnante
- Faire confiance à son ressenti aux endroits les moins engageants
Les marchands de sommeil
La solution la plus simple est l’aire ou le camping payants dédiés aux camping-caristes. Mais faut-il encore qu’il en existe dans le secteur où l’on se trouve, ce qui n’est pas toujours le cas dans les pays au tourisme encore peu développé.
Il y a toutefois deux inconvénients majeurs à cette solution : son coût et son environnement rarement agréable.
On peut parfois dénicher un camping au cadre époustouflant, mais hélas son prix est souvent tout aussi époustouflant. La beauté se paye dès l’instant où elle est privatisée.
Il arrive aussi bien sûr de trouver quelques perles rares, à la fois peu chères et splendides. Mais ne rêvez pas : elles sont souvent dans des lieux peu touristiques (elles sont donc peu connues), et demandent beaucoup de recherches ou de chance pour tomber dessus.
Retour à l’état sauvage (grrr…)
L’autre solution est le camping « sauvage », qui n’a en réalité de « sauvage » que le nom. Car rien n’est moins respectueux de son environnement qu’un camping-cariste qui dort dans un lieu non aménagé pour ses besoins. Enfin… pour la majorité d’entre eux. Il y a bien sûr toujours quelques vrais sauvages qui font n’importe quoi n’importe où. Leur capacité à laisser leur emplacement plus sale à leur départ qu’à leur arrivée est impressionnante. Ne soyons pas surpris après que de plus en plus de pays imposent au camping-cariste des zones dédiées à son sommeil… Il devient alors la bête sauvage emprisonnée dans sa réserve. A quoi bon aller donc dépenser des fortunes en safari africain alors que nous avons ça tout près de chez nous ?
A l’inverse des espaces aménagés (camping ou aire payante), les spots « sauvages » ont le gros avantage d’être gratuit. Mais est-ce que pour autant ces coins à dodo sont tous des lieux de rêve, beaux et paradisiaques ? Oh que non…
Il arrive même souvent qu’ils n’offrent que le simple bitume d’un parking avec une vue imprenable sur… les autres véhicules.
La liberté du lâcher-prise
Plus que n’importe quelle autre manière de voyager, il y a le spot de rêve… et il y a la réalité. Et souvent la réalité est bien différente de ce que l’on imaginait. La liberté du voyage, le nomadisme est ainsi : il implique la non maîtrise des choses et donc l’incertitude de ce qui nous attend. La surprise, bonne ou mauvaise, nous attend chaque soir.
On est à mille lieux du voyage organisé où l’on peut choisir son hôtel, l’insonorisation, la climatisation, la vue imprenable ou le transat au bord de la piscine. Non, ici on ne sait pas ce que l’on aura à l’avance, c’est le mystère, l’aventure. Rien n’est certain, surtout pas d’obtenir ce que l’on aimerait.
Dans un cas, la liberté d’agir est limitée, on dépend des autres, mais par contre le confort désiré est au rendez-vous.
Dans l’autre cas, la liberté est totale, mais il faut accepter de gérer l’inconnu et ses inévitables imprévus.
A la poursuite du diamant vert
Parmi tous les lieux de repos que le voyageur itinérant croise sur son chemin (comme le randonneur qui bivouaque), le hasard ou de longues recherches sur internet font parfois bien les choses.
Il arrive ainsi qu’un endroit merveilleux se présente, comme une oasis au milieu du désert. Les coeurs se mettent alors à vibrer, les appareils photos se réveillent tout excités, le coma extatique n’est plus très loin.
Par principe, nous évitons de préciser l’emplacement de ces coins de rêve souvent situés en pleine nature. Quand on voit les ravages sur l’environnement que génèrent parfois les spots mis en avant sur les réseaux sociaux, on apprend vite à se taire.
Mais comme vous avez été sage jusqu’ici et que celui-là, il faut vraiment vouloir aller le chercher pour en profiter, nous vous livrons sa position, quelque part dans les monts Apuseni en Roumanie.
J’en entends déjà qui disent : » les monts quoi ?! » Et d’autres : « La Roumanie !!! Mais c’est pas le pays des ours ça ?! »
Deux bonnes questions qui montrent bien que peu de monde risque de s’aventurer là-haut, et c’est tant mieux. L’endroit vaut pourtant le détour…
Un p’tit coin de paradis…
Dans ce coin de nature posé sur un col au terminus d’une route (elle se poursuit par une piste qui n’est praticable qu’en 4×4), le voyageur se retrouve ici presque seul au monde. Enveloppé par la douceur et l’harmonie des paysages, peu d’agitation vient troubler sa quiétude. Quelques voitures et des moutons de passage le jour, la lune et les étoiles les nuits claires, et c’est à peu près tout. Et pour quelques pas de plus sur une hauteur boisée toute proche (le mont Biserica Motului), une cabane-chapelle flirtant avec le ciel s’offre en cadeau. L’effort est un peu sévère par endroit mais court, et permet de découvrir en quelques minutes un magnifique point de vue sur la vallée et les hameaux de Padis qui s’étalent aux pieds du sommet.
Nous sommes restés là deux jours, savourant matin et soir la danse du soleil avec l’horizon. Des moments de grâce à respirer profondément, pour mieux les garder en soi et espérer ne jamais les perdre.
Envie de vous y rendre ? C’est par là que ça se passe :
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