Une chasse aux trésors dans les rues de Prague, ça vous tente ?
David Cerny sera votre maître de jeu. Il a disséminé ici et là
quelques unes de ses oeuvres étonnantes et provocantes,
à vous de les trouver !


Sommaire
Des débuts difficiles
Provocateur, inclassable, controversé, pas facile de cerner Cerny. Né à Prague en 1967 dans une famille d’artistes, il grandit sous l’étreinte du régime communiste tchécoslovaque, jusqu’à « la révolution de velours » de 1989.
Marqué par ces deux décennies de répression, le jeune David entre à l’Ecole des arts appliqués en 1988 l’esprit rebelle et engagé. Et il ne tarde pas à le montrer…
Au printemps 1991, avec des amis étudiants, il repeint en rose un char d’assaut soviétique ! Le nouveau look du bel appareil, posé sur son piédestal en mémoire de la libération de Prague par l’armée russe en 1945, n’est guère apprécié par Moscou. Quelques pressions bien appuyées plus tard, le tank est repeint en vert et Cerny se retrouve derrière les barreaux. Au jeu de « loi », il commence par la case prison. Mais plusieurs parlementaires tchèques, protégés par leur immunité, le repeignent à nouveau en rose en signe de protestation contre cette arrestation. Après tout, c’est beau un char rose. N’était-ce pas d’ailleurs la couleur symbolisant la force et la virilité au Moyen-Âge ?
Quelques semaines plus tard, David Cerny est libéré et le symbole guerrier gênant est rapidement évacué. Aujourd’hui, il est visible au musée militaire de Lesany (au sud de Prague), toujours dans sa belle robe rose rafraîchie d’un coup de peinture par… l’armée.

Un artiste de rue
La carrière de David Cerny prit alors rapidement son envol. Incontournable figure de l’art en Tchéquie, il est devenu en quelques années un artiste internationalement reconnu.

Utilisant l’art de la sculpture comme moyen de critique sociale, politique et culturelle, il dénonce de façon satirique, surréaliste ou humoristique les travers de nos sociétés. Touche à tout aux compétences multiples (sculpteur, décorateur, réalisateur, acteur, scénariste…) ses oeuvres interpellent par les réflexions qu’elles suscitent et par leur originalité.
Plusieurs raisons expliquent cette singularité :
- D’abord parce que David Cerny refuse le plus souvent d’enfermer ses créations entre quatre murs. Son musée c’est la rue. Il rend ainsi son travail accessible à tout un chacun, il le popularise.
- Ensuite parce que ses oeuvres, par leur esthétisme si particulier, leur ingéniosité et leur audace, ne laissent personne indifférent. On aime ou on n’aime pas, mais on en ressort toujours un peu remué.
- Enfin, parce que la technicité et la démesure de certaines d’entre elles impressionnent. Nombreuses de ces créations grand format ont déjà vu le jour, d’autres attendent encore de trouver les accords et les financements nécessaires, mais l’artiste ne manque pas d’idées XXL.
No limit
Un caractère bien trempé, une énergie débordante, David Cerny est un doux dingue qui fait de ses engagements et de ses rêves une réalité. Il n’a pas de limites, surtout quand il s’agit d’éveiller les consciences. « Entropa » en est un exemple célèbre.
A l’occasion de l’ouverture de la présidence tchèque au Conseil de l’Union Européenne en 2009, il réalisa cette sculpture monumentale où chaque nation est représentée de façon satirique par un stéréotype caractéristique.
La France est par exemple recouverte d’une banderole avec l’inscription « Grève », la Suède est symbolisée par un carton Ikéa et la Bulgarie par des WC à la turque. Une façon de souligner avec humour les idées reçues que chaque pays se fait de ses voisins et critiquer certains d’entre eux. Une oeuvre qui n’a évidemment pas été appréciée par tout le monde, notamment les politiciens tchèques et bulgares.

David Cerny a toutefois un vieux rêve de gosse qu’il n’a jamais vraiment pu réaliser : celui d’être pilote de ligne. Et même livreur de vivres en avion en Afrique ! Le manque de temps et l’âge qui avance ne lui ont pas permis d’arriver jusque là. Mais il a quand même décroché un diplôme de pilote d’avion de tourisme. Et puis avec son art, il vole à sa façon. Sa dernière création « Butterfly effect » dans le centre de Prague en est une preuve. Et elle a encore fait jaser…
On vous embarque donc pour un tour rapide de son monde, celui qu’il essaime dans les rues de sa ville natale et ailleurs. Le vol n’est ni exhaustif, ni figé (certaines oeuvres sont temporaires), mais il vaut le détour. Et pour ceux qui veulent visiter Prague autrement, voilà un fil rouge qui sort un peu de l’ordinaire.
La carte aux trésors
Comme toujours dans une chasse aux trésors, il faut une carte pour espérer ne pas rentrer bredouille.
On vous a donc concocté un circuit aux petits oignons pour que vous trouviez l’essentiel de votre butin.
Certaines parties se feront sans problème à pied pour aller d’une sculpture à une autre, d’autres demanderont l’usage des transports en commun.
Cette boucle passe par quelques unes des oeuvres les plus connues de l’artiste à ce jour. Nous n’avons pas pu toutes les découvrir, elle sont trop nombreuses (une trentaine) et dispersées. Certaines étaient qui plus est en travaux lors de notre passage, et d’autres n’étaient pas encore en place. Pour que puissiez tout de même visualiser celles que nous évoquons, des photographies appartenant à d’autres auteurs sont présentées ici.
La visite en pratique
Sur la carte ci-dessus, vous avez :
- En vert, les points de départ et d’arrivée des 2 circuits (le rouge et le bleu).
Le point A (Métro ligne C – arrêt Muzeum) est à la fois le point de départ du circuit à pied (rouge) et le point d’arrivée du circuit en transports en commun (bleu).
Le point B (Tramway ligne 14 – arrêt Moran) est à la fois le point d’arrivée du circuit à pied (rouge) et le point de départ du circuit en transports en commun (bleu). - En noir (point 0), une oeuvre (Brownnosers) temporairement inaccessible.
- En rouge (points 1 à 14), les oeuvres du circuit à découvrir à pied.
- En bleu (points 15 à 21), les oeuvres du circuit à découvrir en transports en commun.
- En orange (points 22 à 26), d’autres créations hors circuit que les fans de l’artiste pourront admirer aussi… s’il ont le temps !
En terme de planning justement, comptez une bonne journée pour réaliser ce circuit à travers Prague.
La partie dans le centre de la ville (en rouge sur le plan ci-dessus) peut se faire à pied le matin par exemple (mais partez tôt !), et l’autre partie l’après-midi (en bleu).
Entre les deux, une pause repas dans l’un des nombreux restaurants du centre ancien ne sera certainement pas de refus. Vous récupèrerez des efforts du matin (9 km de marche) et vous rechargerez vos batteries pour ceux de l’après-midi (38 km de bus, de tramway ou de métro. Moins physiques mais au moins aussi usants).
Circuit rouge

Le circuit rouge est donc uniquement pédestre et passe en revue 14 oeuvres de David Cerny. Elles se situent toutes dans les espaces publics de la ville, au sol ou en hauteur, à l’exception de celle du café Mlynska (point 13). Là, il vous faudra prendre une consommation à l’intérieur pour pouvoir la découvrir. On a connu pire obligation…
- Point 1 : « Saint-Venceslas » (ou « le cheval » = kun)
- Point 2 : « K. » (Kafka)
- Point 3 : « Butterfly effect » (l’effet papillon)
- Point 4 : « H.A.V.E.L » (ou « Lettergirl »)
- Point 5 : « Three graces » (les 3 grâces)
- Point 6 : « Man hanging out » (l’homme suspendu)
- Point 7 : « Plaque in tribute to Vaclav Havel »
- Point 8 : « Embryo »
- Point 9 : « Streams » (jets ou « Piss »)
- Point 10 : « Quo vadis » (ou « Trabant »)
- Point 11 : « Babies » (les bébés = miminka)
- Point 12 : « Vera »
- Point 13 : « Café Mlynska » (café du moulin)
- Point 14 : « Tank torso » (torse de char)
Départ : Station de métro Muzeum, ligne C (point A)
Arrivée : Arrêt tramway Moran, ligne 14 (point B)
Distance : 9 km environ
Temps : 4h environ
Point 1 : « Saint Venceslas » (ou le « cheval » = kun)
Année : 1999
Adresse : Pasaz Lucerna, 110 00 Nové Mesto, Prague
GPS : 50.081101, 14.425710

Cette première oeuvre représente Saint Venceslas, roi et saint patron de la république tchèque, assis sur le ventre d’un cheval mort pendu au plafond par les sabots, la tête penchée vers le bas et la langue pendante.
Haute de 4m70 et longue de 2m90, elle est constituée de mousse polystyrène et de résines époxy.
En présentant le Saint-roi de façon comique, assis fièrement sur son destrier mort, Cerny cherchait à symboliser l’état de la république tchèque, dirigé par une élite nationale indifférente aux difficultés de son peuple.
Elle est installée depuis l’an 2000 sous la coupole du passage Lucerna, une belle galerie représentative de l’art nouveau à Prague.
Selon un accord passé entre David Cerny et la famille de Vaclav Havel (président de la Tchéquie en 1999), la sculpture doit rester là jusqu’à ce que « la monarchie constitutionnelle soit rétablie dans le pays ». Autrement dit le plus tard possible… et de préférence jamais.
Initialement, cette oeuvre était située dans la partie inférieure de la place Venceslas dans le cadre de l’exposition qui a eu lieu à l’automne 1999. Elle faisait ainsi le pendant à celle du même Saint Venceslas située au haut de la place, que vous pourrez découvrir en sortant de l’arrêt de métro Muzeum.

Point 2 : « K. » (Kafka)
Année : 2014
Adresse : Charvatova, 110 00 Nové Mesto, Prague
GPS : 50.081657, 14.420811

Cette tête représentant Franz Kafka est composée de 42 étages fabriqués à partir de 24 tonnes d’acier inoxydable. Elle pèse 39 tonnes au total et sa mobilité est assurée par 42 servomoteurs positionnés à chaque étage, reliés par un kilomètre de câbles. Tous les niveaux de la statue peuvent tourner indépendamment les uns des autres, permettant aux passants d’admirer le visage du célèbre écrivain sous diverses expressions.
La complexité de l’oeuvre est telle que l’artiste et son équipe ont dû réaliser plus de 2000 dessins techniques pour en concevoir le mécanisme.
Appelée aussi « Métamorphosis », elle rend hommage à l’écrivain en s’inspirant de son roman « La métamorphose ».
Installée en 2014, le système rotatif de cette sculpture monumentale de 10,60 mètres de haut a été rénové en 2023. Au moment même où nous visitions Prague… Dommage, nous n’avons pas pu l’admirer et profiter des 15 minutes de rotation du visage qui se répète toute les heures. Vous aurez plus de chance à n’en pas douter, le spectacle est parait-il fascinant et particulièrement apprécié des touristes et des pragois.
Point 3 : « Butterfly effect. » (l’effet papillon)
Année : 2024
Adresse : Narodní 63/26, 110 00 Nové Mesto, Prague
GPS : 50.082305, 14.419434

C’est l’oeuvre la plus récente de David Cerny à Prague. Deux avions-papillons d’une envergure de 15 mètres et pesant 5 tonnes chacun ont été fixés aux façades classées d’un édifice emblématique de la période communiste.
Très controversés par certains artistes et responsables du patrimoine pragois (ils les considèrent trop « kitch » ou superflus sur une façade déjà considérée comme une « oeuvre d’art »), ces surprenants insectes métalliques aux couleurs bariolées battent des ailes, leur hélice tourne et ils sont éclairés la nuit.
L’artiste rend hommage ici aux pilotes de chasse tchécoslovaques et leur avion, le « Spitfire », qui aux côtés des anglais ont empêché les allemands d’envahir la Grande-Bretagne lors de la seconde guerre mondiale. Installés sur le magasin Maj (qui signifie Mai en tchèque), David Cerny a voulu associer ces avions de guerre à la fin des hostilités de 1945 et au début du printemps, mais aussi au fameux effet papillon : « un petit avion de chasse piloté par un pilote habile peut déclencher une bataille qui finira par balayer même un gros agresseur… comme le battement d’ailes d’un insecte peut déclencher une chaîne d’événements qui provoquera un ouragan à l’autre bout de la planète ».
Quant à Martin Klan, membre de la société propriétaire de l’immeuble, il explique : « Les papillons symbolisent la paix et le Spitfire est une arme, un symbole de la guerre. La frontière entre la paix et la guerre est ténue, et les événements mondiaux actuels renforcent encore cet attrait ».
Attention ! Cette sculpture installée en mai 2024 n’a à ce jour été autorisée que pour une période de 1 an, soit jusqu’à mai 2025.
Point 4 : « H.A.V.E.L » (ou Lettergirl)
Année : 2021
Adresse : Ostrovní 2130/13a, 110 00 Nové Mesto, Prague
GPS : 50.080722, 14.417646

La sculpture représente une femme allongée appuyée sur un bras, composée de centaines de lettres en bronze.
Située au-dessus de l’entrée de la bibliothèque Vaclav Havel, elle rend hommage au célèbre président de la république tchèque, opposant historique à la dictature communiste, chef de file de la « révolution de velours » en 1989, et personnalité particulièrement appréciée par son peuple.
Vous trouverez un autre hommage de Cerny à Vaclav Havel au point 7.
Point 5 : « Three graces » (les 3 grâces)
Année : 2007
Adresse : Vorsilska 130, 110 00 Nové Mesto, Prague
GPS : 50.080892, 14.416778




Quelques pas après l’entrée de la bibliothèque, un coin de rue plus tard, vous découvrirez en levant la tête trois statues en fibre de verre.
Installées sur les toitures de trois anciennes maisons médiévales réunies au 18e siècle pour former un palace (palais de Deym, classé monument historique), elles représentent trois femmes nues dans des postures différentes : la première est assise les jambes croisées, la seconde debout, et la troisième allongée.
Intrigantes et surprenantes (leur tête s’illumine la nuit !), chacune tient un objet dans sa main. Pour l’une d’elles, c’est un fusil avec le canon dirigé vers le visage ! Quels messages David Cerny a t-il voulu faire passer par leur intermédiaire ? Difficile de le deviner, seul l’artiste le sait.
Point 6 : « Man hanging out » (l’homme suspendu ou « Viselec »)
Année : 1997
Adresse : Husova, 110 00 Staré Mesto, Prague
GPS : 50.084189, 14.418303


Attention, n’oubliez pas là aussi de bien lever la tête, il est facile de passer « à côté » de cette sculpture sans la voir.
Elle représente Sigmund Freud pendu à une planche par la main, l’autre dans la poche, l’air plutôt décontracté, se demandant s’il doit continuer à s’accrocher ou au contraire lâcher prise. Connu pour ses phobies et notamment sa peur de la mort, c’est la lutte du psychanalyste contre cette éternelle appréhension qui est montrée ici.
David Cerny explique la symbolique de cette création ainsi : « J’ai créé cette sculpture en 1996, alors que tout le monde parlait de la fin du siècle. Que se passerait-il au siècle suivant ? Quel serait le rôle de l’intellectuel ? J’ai choisi Freud parce qu’il est le fondateur de la psychanalyse, le visage intellectuel du XIXe siècle, et qu’il est né à Freiberg ».
Inattendue et assez fascinante, cette oeuvre a été reproduite dans différents lieux à travers le monde. Elle parait d’ailleurs si réelle à certains qu’elle a entraîné de nombreux appels aux services d’incendie ou de police dans quelques villes !
Point 7 : « Plaque in tribute to Vaclav Havel » (Plaque en hommage à Vaclav Havel)
Année : 1994
Adresse : Anenské nam. 209/5, 110 00 Staré Mesto, Prague
GPS : 50.085044, 14.4146844


Sur la façade du théâtre Divadlo na Zabradli où Vaclav Havel a travaillé comme machiniste, acteur, secrétaire de théâtre et dramaturge, on peut voir une petite plaque commémorative en bronze (45 x 35cm) en l’honneur du Président (à droite de la porte d’entrée). La plaque représente un cendrier avec des mégots de cigarettes, deux verres, et un crayon avec un buste miniature de Vaclav Havel à la place de la gomme à son extrémité.
La production de cette oeuvre a été financée par des dons de dizaines de petits donateurs tchèques. La somme d’argent récoltée a été si importante que le théâtre a dû finalement refuser de très nombreux dons ! Une autre démonstration de l’extraordinaire popularité de Vaclav Havel dans son pays.
Point 8 : « Embryo »
Année : 2008
Adresse : Anenské namesti, 110 00 Staré Mesto, Prague
GPS : 50.085131, 14.414637


Quelques mètres après, à l’angle de deux rues, vous trouverez « Embryo ».
Installée en 2008 pour fêter les 50 ans du théâtre Divadlo na Zabradli, cette sculpture assez peu connue de David Cerny est à la fois dérangeante et émouvante.
Haute de 1m20, composée de métal, de fibre de verre, de polyuréthane et de lumières LED, cette création très particulière est fixée sur une descente d’eau du théâtre. Elle s’éclaire la nuit et laisse apparaître par transparence un embryon orangé !
L’interprétation la plus souvent donnée de ce foetus qui essaie de passer à travers ce fin tuyau, est qu’il symbolise la difficulté pour les artistes à faire comprendre leurs oeuvres aux personnes à l’esprit étroit. De nombreux projets avortés restent ainsi dans les tuyaux à jamais. Difficile d’être plus parlant comme sculpture…
Point 9 : « Streams » (jets ou « Piss »)
Année : 2004
Adresse : Curajici postavy Cihelna 2b, 118 00 Malá Strana, Prague
GPS : 50.088091, 14.410243

Située dans la cour d’une ancienne briqueterie où est installé aujourd’hui le musée Kafka, cette sculpture représente deux grands hommes (2m20) en train de pisser face à face. Les pieds dans un bassin, leurs hanches et leur pénis bougent. Grâce à un système de pièces mécaniques et électroniques, ces parties mobiles dessinent dans l’eau avec leur jet des citations d’auteurs célèbres. Elles peuvent aussi « écrire » les mots ou les messages transmis par SMS par le public (un numéro de téléphone se trouve à côté d’eux).
Au sol, le bassin en bronze qui reçoit leur « urine » a les contours de la république tchèque. David Cerny explique : « Il existe une expression tchèque (traduisant le mépris) qui dit « je te pisse dessus ». C’est ce que veulent dire ces hommes qui font pipi. C’est ainsi que se comporte notre pays ». Un message de plus de l’artiste aux politiciens de son pays.
Point 10 : « Quo vadis » (ou « Trabant »)
Année : 1990
Adresse : Vlasska 19, 118 00 Mala Strana, Prague
GPS : 50.086852, 14.397885

Cette sculpture n’est pas facile à trouver. Elle se situe dans les jardins de l’ambassade d’Allemagne, inaccessible au public. Pour pouvoir l’observer il faut contourner ces jardins par l’arrière. Une rue en impasse donnant accès aux jardins de Petrin permet de l’apercevoir à travers un portail.
L’original de cette oeuvre est installée à Leipzig et ses dimensions sont plus imposantes que celle-ci (environ 4m x 3m x 1m70). Là, il s’agit d’une miniature qui a servi de modèle à la version définitive. Plus ancienne sculpture de David Cerny actuellement visible, l’artiste a dû emprunter de l’argent à son père pour la réaliser. Et avec le prix de la vente, il acheté… une voiture.
« Quo vadis » (« où allez-vous ? ») symbolise l’émigration massive des Allemands de l’Est en Allemagne de l’Ouest en 1989.
Quelques jours avant la chute du mur de Berlin, des milliers d’allemands de l’Est (ex RDA) se réfugient dans les ambassades d’Allemagne de l’Ouest (ex RFA) des différentes capitales du bloc soviétique. La grande majorité d’entre eux choisissent Prague, proche de la frontière allemande. Ils arrivent le plus souvent en Trabant, l’emblématique et robuste voiture des classes populaires de RDA durant la guerre froide. Le 30 septembre, un accord entre Allemagne de l’Ouest et de l’Est autorise les 4000 réfugiés de l’ambassade à quitter Prague en train et à immigrer en RFA. Ils laissent leur voiture garées dans les rues adjacentes, les clés dessus, et s’envolent vers leur liberté. Et la Trabant est devenue ainsi le symbole d’un abandon, celui de leur ancienne vie.
Point 11 : « Babies » (les bébés = miminka)
Année : 2008
Adresse : Ostrov Kampa, 118 00 Mala Strana, Prague
GPS : 50.084141, 14.408407



David Cerny a disséminé plusieurs « babies » dans Prague. Les plus connus sont ceux de la tour de télévision de Zizkov (voir point 16) et ceux situés ici sur l’île de Kampa près du musée d’art moderne. Ils sont trois et ce qui est génial, pour les petits mais aussi pourquoi pas pour les grands, c’est que l’on peut les chevaucher !
Attention quand même. Ces « bébés » au bronze noirci par le temps se portent plutôt bien (800 kg chacun) et leur taille est conséquente. Et si leur corps est tout à fait habituel (hormis leurs dimensions !), leur visage est par contre particulièrement effrayant. Ni yeux, ni oreilles, ni poils, juste une espèce de rectangle renflé vertical ressemblant à un code-barre.
Les explications de l’artiste sur ces étranges créatures sont les suivantes : « Les bébés, ce sont des anges de la destruction. Ils ont un petit corps normal et des gueules mutantes. Il sont entre l’innocence de l’enfance et une évolution inquiétante criblée de bactéries qui se propagent bizarrement… Peut-être que c’est une question de peurs, liées à la commercialisation et à la mondialisation [mot que je méprise] de la technologie. Non pas que je n’aime pas la technologie, je suis fan de technologie. Je m’en sers, je l’aime, mais j’y sens un danger ».
Point 12 : « Vera »
Année : 2024
Adresse : Vera by david cerny, 118 00 Mala Strana, Prague
GPS : 50.083272, 14.405636



Vera Caslavska était une célèbre gymnaste tchèque, championne olympique à sept reprises et amie de David Cerny depuis les années 90.
Décédée prématurément en 2016, elle avait projeté avec l’artiste la réalisation de cette statue qui devait être mise en place à Tokyo pendant les Jeux olympiques de 2021. Des retards inattendus ont repoussé sa présentation publique aux Jeux olympiques de Paris en 2024. Haute de dix mètres et habillée des couleurs du drapeau tricolore du pays, la statue a rapidement attiré l’attention des spectateurs à la maison tchèque du Parc de la Villette.
Aujourd’hui, elle est installée dans une cour du palais Michna dans le quartier d’Ujezd de la ville. Un lieu où siègent plusieurs structures importantes du sport tchèque, et où Vera Caslavska s’est souvent entrainée pour atteindre le niveau d’excellence qui l’a portée jusqu’au sommet de son sport.
David Cerny : « Le mouvement de la sculpture utilise le principe du cardan, où la partie centrale a la liberté de tourner dans les trois axes du système cartésien. Lorsque la sculpture est mise en mouvement, elle devient impressionnante. C’est un beau jeu mécanique, à sa manière aussi gracieux que les figures que Vera a pu réaliser avec son corps ».
Point 13 : « Café Mlynska »
Année : ?
Adresse : Vsehrdova 449, 118 00 Mala Strana, Prague
GPS : 50.082705, 14.406923



Pour accéder à ce café, il vous faudra traverser un parc, puis un petit pont au dessus d’une rivière et pousser enfin une lourde porte en bois. C’est à ce (petit) prix que vous pourrez découvrir le café Mlynska (« moulin ») et son ambiance mystérieuse, un peu hors du temps, un brin bohème.
Attardez-vous surtout au comptoir et jouez pour une fois au pilier de bar. Ce « plan de travail » sinueux qui court sous vos yeux est l’oeuvre de David Cerny. Il y a enfermé dans la résine divers objets colorés provenant de clients du café. Cherchez bien, qui sait, vous trouverez peut-être dans le corps de ce serpent joyeusement multicolore un souvenir d’enfance… ou un jouet de David Cerny. Un tank rose par exemple…
Point 14 : « Tank torso » (torse de char)
Année : 2018
Adresse : nam. Kinskych, 150 00 Praha 5, Smichov, Prague
GPS : 50.079201, 14.404259

Vous vous souvenez des débuts houleux de David Cerny avec l’autorité militaire ? Ce beau char d’assaut repeint en rose ? Eh bien c’est ici, sur cette place Kinski que l’artiste avait sévit pour la première fois.
Et il a recommencé depuis.
D’abord très rapidement en 2001. Sans aucune autorisation de la ville, il avait déposé un morceau de char rose dans l’herbe verte. Peut-être intéressant visuellement, mais pas vraiment au goût des autorités locales qui l’ont vite enlevé.
En 2008 ensuite, quand le conflit russo-georgien a éclaté. Mais le premier ministre de l’époque, Milos Zeman (devenu Président plus tard), a préféré mettre fin sans traîner à cette petite touche de rose bonbon dans l’espace public.
En 2018 enfin, à l’occasion du 50e anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie. Ce « torse de char » qui symbolise Prague engloutie par la Terre, devait rester là temporairement. Puis, peut-être parce qu’il avait été repeint plus sagement aux couleurs militaires, il a définitivement été laissé en place.
Aujourd’hui, suite à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, des amis de l’artiste ont repeint cette sculpture en bleu et jaune, les couleurs du drapeau ukrainien.
David Cerny lui-même a publié des images de ce morceau de char redécoré sur les réseaux sociaux, écrivant : « Navire de guerre russe, va au diable ! ».
Circuit bleu

Généralités
Contrairement au précédent, le circuit bleu utilise presque exclusivement les transports en commun pour aller d’un point à un autre. Quelques portions pédestres sont à faire pour aller d’un arrêt de bus, de tramway ou de métro jusqu’à certaines sculptures, mais rien de bien long. Cet itinéraire permet de découvrir 6 autres oeuvres de David Cerny (points 15 à 20). Il se termine en bouquet final au musée de l’artiste (point 21). A l’exception de ce dernier, toutes ces créations sont dans l’espace public.
- Point 15 : « Beetle » (coccinelle ou « brouk »)
- Point 16 : « Babies on the tower »
- Point 17 : « Lilith »
- Point 18 : « Speederman »
- Point 19 : « Pégase »
- Point 20 : « Meat » (viande ou « les voitures rouges »)
- Point 21 : « Musoléum »
Départ : Arrêt tramway Moran, ligne 14 (point B)
Arrivée : Station de métro Muzeum, ligne C (point A)
Distance : 38 km environ
Temps : 4h environ (hors musée)
Détails pratiques
- Nous vous proposons une solution de transport en commun pour rallier chaque sculpture (trait bleu). Il en existe souvent plusieurs autres. Libre à vous bien évidemment de choisir celle qui vous intéresse le plus en fonction de vos besoins.
Vous trouverez ici le plan du réseau Métro + Bus, et ici le plan du réseau Métro + Tramway de Prague. - Concernant les billets :
Les transports publics de Prague (Bus, tramways ou métro) utilisent tous un même ticket basé uniquement sur le temps d’usage. La vente de carnet de plusieurs tickets n’existe pas.
Les tarifs en vigueur en 2025 sont :
– Ticket pour 30 mn : CZK 30 (env. 1,4€)
– Ticket pour 90 mn : CZK 40 (env. 1,6€)
– Ticket pour 24h : CZK 120 (env. 5€)
– Ticket pour 72h : CZK 330 (env. 14€)
Vous pouvez faire autant de transferts que vous voulez, seule la durée de votre ticket est contrôlée. Inutile donc de composter votre ticket à chaque changement de ligne. Au contraire si vous le recompostez, votre ticket perd sa validité ! - Nous avons personnellement opté pour des tickets 24h. Ne sachant pas trop le nombre de jours que nous prendrions pour visiter Prague, c’était la meilleure option. Vous pouvez bien sûr acheter des tickets 72h si vous êtes sûrs de rester longtemps. Mais l’économie réalisée par rapport à 3 billets de 24h n’est pas très importante.
Vous trouverez ICI le site complet (en anglais) des transports en commun de Prague.
Point 15 : « Beetle » (coccinelle ou « brouk »)
- Année : 2020
- Adresse : Vyskocilova 140 00 Prague 4, Prague
- GPS : 50.047677, 14.453778
- Transports : Durée 30mn
– Tramway ligne 14 : arrêt Moran (50.074220, 14.418719) –> arrêt Pod Jeszerkou (50.057791, 14.450200)
– Bus ligne 124 : arrêt Pod Jezerkou (50.057791, 14.450200) –> arrêt Brumlovka (50.048160, 14.455162)



Cette sculpture fait près de 17 mètres de haut, 8 mètres de long, 3.50 mètres de large et pèse 10 tonnes. Sa réalisation a duré près de deux ans. Composée de 11 segments mobiles qui se déplacent grâce à un système hydraulique, la voiture se met en mouvement régulièrement, à l’image de la tête de Kafka.
Elle représente une Porsche 911 rose-violette se tortillant sur une épingle surdimensionnée, comme un insecte fraîchement capturé dans une collection entomologique. « Pourquoi une voiture en mouvement ? Son emplacement près de l’autoroute de Prague, ma relation ambivalente à la voiture d’un côté, le côté obscur comme fétichisme sociétal de l’autre, une forte dépendance à l’emblématique Porsche 911 depuis mon enfance », a déclaré David Cerny à l’époque.
Point 16 : « Babies on the tower » (les bébés sur la tour)
- Année : 2000 à 2019
- Adresse : Mahlerovy sady 1, 130 00 Praha 3-Zizkov, Prague
- GPS : 50.081099, 14.451165
- Transports : Durée 35mn
– Bus ligne 124 : arrêt Brumlovka (50.048160, 14.455162) –> arrêt Koh-i-Noor (50.067456, 14.461640)
– Bus ligne 101 : arrêt Koh-i-Noor (50.067456, 14.461640) –> arrêt U-Prdlavky (50.081130, 14.445734)
– Marche à pied (650m) jusqu’au pied de l’antenne


David Cerny habitait le secteur de Prague où cette tour de télévision est implantée. Les autorités locales se sont adressées à lui pour imaginer une sculpture qui rendrait l’antenne (jusque là considérée comme la construction la plus laide de Prague) plus attractive. Son idée de bébés qui grimpent le long des parois de la tour a toutefois mis du temps a être acceptée. Trop dérangeante au départ, et probablement trop complexe à mettre en oeuvre en termes de sécurité. Mais au bout de longues tractations, le projet a pu voir le jour.
Installées la première fois en l’an 2000 dans le cadre du projet « Prague, ville européenne de la culture », les 10 sculptures rampant sur la tour Zizkov ne devaient monter à son assaut que temporairement. Mais face à l’engouement général qu’elles ont suscité, elles sont restées (en théorie au moins jusqu’en 2039 !).
Entre 2017 et 2019, de nouveaux bébés ont dû toutefois les remplacer. Si leurs dimensions n’ont pas changé (3m50 de long et 2m60 de haut), leur poids par contre s’est quelque peu accentué (350kg aujourd’hui pour 190kg avant) ! Les premières étaient en fibre de verre, les secondes sont constituées d’un matériau plus durable et qui tient mieux sur la paroi.
La symbolique de ces bébés est la même que pour les « babies » de l’île de Kampa. L’attirance de l’enfance d’un côté, peur du monde de demain et de l’évolution technologique de l’autre.
Point 17 : « Lilith »
- Année : 2022
- Adresse : Lilith by David Cerny, Invalidovna, 180 00 Praha 8, Prague
- GPS : 50.097046, 14.46188
- Transports : Durée 30mn
– Métro ligne B : arrêt Invalidovna (50.097849, 14.4651929) –> arrêt Jinonice (50.054215, 14.369933)
– Marche à pied (500m) jusqu’à « Speederman » (immeuble Aviatica)



David Cerny écrit sur son site au sujet de cette sculpture géante et de celles qui y sont associées :
« Cette sculpture saisissante représente une figure féminine plus grande que nature, adossée au mur extérieur d’un immeuble résidentiel moderne. La statue tire son nom de la figure mythologique du même nom. Lilith est souvent représentée comme une figure puissante et énigmatique, associée à la féminité, à la rébellion et à l’indépendance. Dans certaines traditions, elle est représentée comme un démon ou un être surnaturel, tandis que dans d’autres, elle est considérée comme la première épouse d’Adam, antérieure à Ève dans le récit biblique ».
24 mètres de haut, un poids de 35 tonnes, cette femme tourne la tête à intervalles réguliers. Censée symboliser l’égalité et l’indépendance féminine, elle est très controversée pour sa forte sexualisation et l’interprétation erronée que l’artiste aurait fait du mythe de Lilith.
« La femme colossale n’est pas le seul élément de cette installation artistique. En se promenant autour du bâtiment, les visiteurs peuvent également apercevoir un bras et une jambe gigantesques, sortant du sol pour soutenir l’édifice, ainsi qu’une main gigantesque sortant également d’une sorte de puits ».





Vu du ciel, l’immeuble Fragment (logements) ressemble vaguement à une silhouette allongée. Ce bras, cette jambe et cette main associés à Lilith enlaçant l’immeuble ont aussi leur signification. Ils représenteraient symboliquement le soutien que chacun peut espérer attendre des autres dans une vie en communauté.
Point 18 : « Speederman »
- Année : 2014
- Adresse : U Trezorky 5, 158 00 Praha 5, Prague
- GPS : 50.056310, 14.374454
- Transports : Durée 30mn
– Métro ligne B : arrêt Invalidovna (50.097849, 14.4651929) –> arrêt Jinonice (50.054220, 14.369945)
– Marche à pied (500m) jusqu’à « Speederman »


David Cerny a de nombreuses compétences architecturales, s’appuyant sur de très bonnes bases techniques, y compris les plus complexes. Ces connaissances interdisciplinaires lui ont permis de réaliser de nombreuses sculptures très abouties techniquement. « Speederman » fait partie de celles-là.
Haut de 4 mètres et pesant 600kg, ce super-héros de couleur argentée figé sur son socle a dans son dos des lignes horizontales suggérant le mouvement. L’effet est particulièrement saisissant la nuit quand ces lignes s’éclairent de lumières multicolorent.
La sculpture a été présentée initialement en 2013 à Amsterdam, puis un an plus tard au festival d’art lumineux Signal devant la Maison dansante de Prague. Elle est installée à Jinonice depuis 2017.
Concernant sa symbolique, David Cerny explique que « cela peut représenter une métaphore de l’évolution humaine et des idéaux esthétiques du corps humain, mais aussi un commentaire sur le rythme accéléré de la vie dans la nouvelle ère technologique actuelle ».
Point 19 : « Pegase »
- Année : 2016
- Adresse : Sousosi Pegasové, Walterovo nam. 158 00, 158 00 Praha 5, Prague
- GPS : 50.056371, 14.372674
- Transports : Durée 1mn
– Courte marche à pied (100m) depuis « Speederman »




En 1991, agacé par les critiques lui reprochant ses créations souvent grandioses, David Cerny leur fait un pied de nez. Il expose 300 sculptures en bronze de 4cm de hauteur. Parmi ces créations miniatures présentées à l’exposition Malost, Pégase apparait déjà.
Quelques années plus tard, il envisage de travailler à nouveau à grande échelle par envie personnelle. Il rencontre alors Jakub Cigler, l’architecte du complexe Aviatica. Ce quartier résidentiel est implanté à l’emplacement d’une ancienne usine de moteurs d’avion, la société Motorlet. Cette entreprise pragoise, dans la première moitié du 20e siècle, était à l’avant-garde de la production mécanique technologique. Son produit phare était le moteur Walter Pégas.
Pour Jakub Cigler c’est une évidence, il faut que le Pégase de David Cerny, mi cheval-mi avion, s’installe grandeur nature dans le complexe qu’il est en train de construire. L’artiste récupère alors des moteurs Walter Pégas dans les musées militaires et fait tourner ses hélices avec eux. Trois Pégase voient le jour et sont installés dans un carré de verdure en face de l’immeuble Aviatica.
Le rappel de la glorieuse histoire industrielle de Motorlet était ainsi assuré et complet.
Point 20 : « Meat » (viande ou « les voitures rouges »)
- Année : 2000
- Adresse : U Lihovaru 3401/15, 155 00 Praha 5, Smichov, Prague
- GPS : 50.053338, 14.408943
- Transports : Durée 20mn
– Métro ligne B : arrêt Jinonice (50.054220, 14.369945) –> arrêt Smichovské nadrazi (50.061181, 14.409077)
– Marche à pied vers le Sud (1000m) jusqu’au niveau de la « Meetfactory »


En 2001, David Cerny crée avec deux amis la « Meetfactory« , un centre d’art contemporain installé dans un ancien abattoir. L’idée est de permettre la rencontre et la fusion de domaines artistiques variés (arts plastiques, littérature, théâtre, cinéma, musique). L’espace est vivant, la présence des artistes sur place favorisant l’échange direct avec les visiteurs, toutes générations confondues.
Inondé en 2002, le centre est déplacé 5 ans plus tard à son emplacement actuel, dans une ancienne usine de verre. Coincé entre des voies ferrées et une voie rapide, ce bâtiment dispose de trois espaces d’exposition importants, d’une salle de concert et de 15 studios où logent en moyenne 30 artistes par an.
La sculpture de David Cerny visible ici est constituée de deux voitures rouges accrochées à un mur du bâtiment. Tels deux morceaux de viande suspendus à un crochet de boucher, elles expriment la protestation de l’artiste contre ce qu’il appelle « l’auto-civilisation ». « Le sujet principal est celui d’une société qui considère la voiture comme un objet sacrificiel et religieux ». Ici c’est la voiture, ailleurs ça pourrait être un boeuf ou tout autre objet représentatif d’une société donnée.
Attention ! Le cheminement que nous vous proposons pour arriver jusque là n’aboutit pas à la « Meetfactory ». Il permet simplement de voir les sculptures de David Cerny depuis un point éloigné, tout en se positionnant à proximité de son musée (point 21), point final du parcours.
Point 21 : « Musoléum »
- Année : 2023
- Adresse : Nadrazní 2584/2, 150 00 Praha 5, Smichov, Prague
- GPS : 50.052100, 14.409462
- Transports : Durée 1mn
– Marche à pied vers le Sud (100m) jusqu’à l’entrée du « Musoléum »

A quelques pas de la « Meetfactory », David Cerny a ouvert son musée dans une ancienne distillerie classée. Si vous n’avez pas le temps ou l’envie de faire le parcours présenté précédemment, ce « Musoléum » est une bonne solution pour découvrir le travail de l’artiste.
Vous découvrirez sur 6 niveaux des répliques des oeuvres les plus connues de David Cerny, mais aussi des sculptures plus « anonymes ». Elles n’en restent pas moins toujours surprenantes ou provocantes. Quelques éléments de l’ancienne distillerie sont aussi exposés dans ce bâtiment.



Un espace café et une boutique sont mis à disposition des visiteurs.
Prix du billet d’entrée : CZK 300 (env. 12€)
Horaires d’ouverture : Du lundi au vendredi, de 13h à 19h / Samedi et dimanche, de 10h à 18h.
Le retour dans le centre de Prague se fait en revenant sur ses pas et en reprenant la ligne B du métro à l’arrêt Smichovské nadrazi. En vous arrêtant à l’arrêt Mustek, vous vous retrouvez au coeur de la ville.
Vous en voulez encore ?!
Mais vous êtes insatiables !
Allez, pour les fans purs et durs de l’enfant terrible de l’art tchèque, nous vous proposons 5 autres oeuvres de l’artiste (points 22 à 26 sur le plan ci-dessous). Mais attention, celles-là sont souvent éloignées du centre de Prague, elles demandent du temps pour être découvertes.
Nous laissons à chacun le choix de son parcours et de son moyen de transport (elles sont toutes accessibles en métro, tramway ou bus). Avec les adresses et les coordonnées GPS que nous vous donnons, vous ne devriez pas rencontrer de difficulté pour les trouver.

- Point 22 : « Monument à Visaci Zamek »
- Point 23 : « Trifot » et « Cyberdog »
- Point 24 : « Vlasovci »
- Point 25 : « The London Booster »
- Point 26 : « In utero »
Point 22 : « Monument à Visaci Zamek »
- Année : 2022
- Adresse : Vaníčkova, 1911, 169 00 Praha 6-Strahov, Prague
- GPS : 50.081722, 14.390168


Visaci Zamek (qui signifie « cadenas ») est un célèbre groupe de punk tchèque. Créé en 1982 par des camarades de classe de la faculté de génie civil de l’Université de Strahov à Prague, il a célébré en 2022 ses 40 ans d’existence. A cette occasion, la première sculpture punk de la ville a été érigée devant le stade de Strahov.
Cette oeuvre de David Cerny représente un tracteur Zetor 40 rose retourné, dont l’une des roues avant a été transformée en gros cadenas. Elle est censée rappeler l’ancien stand « U Johna Debila » (situé à proximité), objet d’une célèbre chanson du groupe qui aurait pris naissance là.
« Je crois que c’est sur le stand de U Johna Debila que nous avons décidé de monter un groupe bruyant et humoristique », raconte la chanteuse Hony Haubert. « C’est pourquoi nous considérons cet endroit comme important, voire sacré, et nous voulions l’honorer avec un monument punk. De plus, c’est à quelques pas du club 007, où nous avons donné notre premier concert ».
Point 23 : « Trifot » et « Cyberdog »
- Année : 2016 et 2018
- Adresse : Seydlerova, 158 00 Praha 13, Prague
- GPS : 50.050572, 14.349477


Ici, deux créations de David Cerny pour le prix d’une ! Dans l’une d’elle, un bar à vin et juste à côté un restaurant où l’artiste vient parfois manger. Ça donne envie de visiter le coin, non ?
Trifot (2016), étrange robot de 12 mètres de haut, est d’abord un hommage de David Cerny à la photographie. « J’aime la photographie. Quand j’étais à New York, je prenais des photos pour subvenir à mes besoins pendant un certain temps ».
Sa tête est équipée de véritables appareils photos (les yeux) qui capturent des images des passants (mais ne les enregistrent pas) et les projettent sur des petits écrans placés sur les côtés. Ils évoquent le développement de la technologie photographique dans l’histoire humaine, de l’appareil photo à soufflet aux appareils photo les plus récents.
L’oeuvre fait aussi un parallèle avec notre monde moderne où nous sommes partout photographiés, filmés, surveillés. Big Brother n’est jamais loin.
Cyberdog (2018), mi chien mi vaisseau spatial, est dédié aux tendances et innovations dans le domaine de la cybernétique, de la robotique et d’autres domaines scientifiques et technologiques.
Un bar à vin sert leur verre aux visiteurs avec un bras robotisé, et un chariot amène les consommations par voie ferrée aérienne.
A l’extérieur, au premier étage, un écran géant diffuse pour les passants des images et des informations sur les dernières innovations technologiques.
Et si vous souhaitez prolonger votre balade artistique, n’hésitez pas à visiter le Centre de la photographie tchèque, situé à quelques mètres de là.
Point 24 : « Vlasovci »
- Année : 2020
- Adresse : Reporyjské nam. 19, 155 00 Reporyje, Prague
- GPS : 50.033735, 14.311920

(Photo : Zssen, Wikimedia Commons)

Alors pour cette oeuvre là, ne vous attendez pas à du grand format ! Pour une fois David Cerny a choisi la discrétion. Au point qu’il vaut mieux savoir où chercher précisément une fois sur place pour la trouver.
En l’occurrence, c’est au sommet d’un poteau métallique trônant au milieu d’une placette ovale pavée que vous la découvrirez.
Il s’agit d’une réplique miniature d’un char soviétique en acier inoxydable, portant un casque allemand.
Elle complète une plaque commémorative dédiée aux soldats de l’Armée de libération russe (ROA) tombés au combat. Egalement connue sous le nom d’Armée de Vlasov, ces militaires d’origine russe qui combattaient contre l’Allemagne en 1945 ont apporté leur aide aux insurgés tchèques durant « l’insurrection de Prague » pour mettre fin à l’occupation allemande.
Trois cent soldats de la ROA seraient morts dans ces combats pour libérer la ville.
Point 25 : « The London Booster »
- Année : 2012
- Adresse : Klicova, 149 00 Praha 11-Chodov, Prague
- GPS : 50.038043, 14.497924


Présenté aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, « The London Booster » imaginé par David Cerny est un clin d’oeil aux sportifs du monde entier. Utilisant un vrai bus de 1958, il lui a donné l’aspect d’un humain sportif en y ajoutant deux bras puissants et des fesses.
David Cerny : « Il existe un exercice commun à tous les sportifs du monde : les pompes ! J’ai donc pensé que ce serait amusant. En même temps, les pompes ont un autre aspect : elles sont également courantes dans l’armée et même en prison. C’est donc un peu ironique, bien sûr ».
La sculpture mécanique de six tonnes effectue des pompes tous les jours de 15h00 à 15h30 et émet même des gémissements lorsqu’elle se soulève du sol. Soyez donc à l’heure pour ne rien rater !
Point 26 : « In utero »
- Année : 2009
- Adresse : Golf Hostivar, U Golfu 565, 109 00 Praha 15, Prague
- GPS : 50.049862, 14.552211

Initialement exposée en 2013 sur une petite place du centre de Prague, « In Utero » a dû être retirée sur ordre du responsable du patrimoine de la Mairie (une oeuvre jugée trop subversive certainement).
Mais David Cerny n’en était pas vraiment mécontent. Il trouvait qu’elle se perdait trop dans l’uniformité de la ville. Ses reflets étaient les mêmes sur tous ses côtés, elle disparaissait dans l’environnement urbain.
Aujourd’hui posée dans la verdure d’un golf, la sculpture en acier inoxydable de 6 mètres de hauteur est beaucoup plus à son aise. Ses reflets sont changeants et naturels, comme le corps de cette femme enceinte agenouillée se tenant la tête.
(Cette visite de la ville de Prague s’est faite en octobre 2023)
Visite matinale à Prague non prévue mais intéressante. Un artiste plein d’idés tel un certain Salvador Dali mais dans un autre genre. Un artiste sensible à la
couleur rose! Merci pour cette belle visite en images et en textes explicites.
C’est très amusant lorsqu’on visite une ville, de rechercher ces oeuvres d’artistes disséminées ici ou là, parfois répertoriées sur une carte comme une chasse au trésor…
Je m’étais intéressée à ce genre de parcours à Lisbonne, à propos de l’artiste Bordalo II, connu pour ses oeuvres géantes faites à partir d’objets de récupération et représentant des animaux.
Ça nécessite évidemment du temps, et des transports dans des lieux plus ou moins excentrés et j’avais dû me contenter des plus accessibles.
L’artiste présenté ici évolue dans un tout autre domaine, à la fois gigantesque, déroutant et varié.
Je ne peux pas dire que tout me plaît, mais sa liberté, son audace et son travail alliant l’Art à la technique (notamment pour le mouvement), interpellent…
J’aime particulièrement « Lilith », la sculpture féminine géante, ainsi que Véra, la gymnaste tricolore.
J’aime aussi le fait de devoir être attentif et lever la tête, pour découvrir des sculptures de taille moindre, comme « Les trois grâces » ou « L’homme suspendu ».
Une belle idée d’article pour faire découvrir cet artiste !
Quel travail remarquable réalisé pour ce reportage, c’est impressionnant !
C’est une vraie mine d’or pour toute personne désireuse de découvrir David Cerny et Prague !
Un grand bravo à vous. 😉
Merci beaucoup pour toute cette visite très bien commentée et illustrée, une belle découverte qui donne envie de voyager et d’explorer les oeuvres de cet artiste, à travers vos pas bienveillants et très précis, et bravo pour cet immense travail qu’à dû demander cette présentation très complète!