🥾 Le massif de la Bastei

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Des colonnes rocheuses au milieu de la forêt, des points de vue à couper le souffle,
un pont de pierre au romantisme contagieux enjambant la vallée, des chemins à profusion,
le massif de la Bastei a tout pour séduire le promeneur.

⏱ 3h00 | 🥾 11km | 💪 Facile

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Une randonnée aux mille ambiances…

L’Allemagne, pays des forêts et des lieux romantiques. Paysages, châteaux, vignes… il y en a partout et pour tous les goûts.
En suisse saxonne, près de la frontière avec la Tchéquie, un endroit avait particulièrement attiré notre attention lors de la préparation de ce voyage.
Comme souvent, il y a des images sur le net qui vous arrêtent, vous inspirent. Elles vous donnent envie de voir « pour de vrai » ce qui parait si beau sur nos écrans. L’image vient chatouiller votre imaginaire, le besoin de céder à la tentation devient irrépressible. Il faut s’y rendre un jour ou l’autre, goûter vraiment à cette réalité si attirante, la découvrir patiemment, s’en imprégner. Et bien sûr, cueillir à son tour quelques images et en revenir émerveillé si les conditions s’y prêtent.

Comme nous adorons mêler marche et sortie photo, nous avions repéré une petite boucle qui réunissait sur le papier tous les ingrédients d’une découverte idéale. Site pittoresque, points de vue innombrables, chemins variés, traversée de villages, parcours en forêt, bordure de rivière… le combo presque parfait de la randonnée inoubliable. Il ne restait plus qu’à espérer que le beau temps soit de la partie pour couronner le tout.
Et il l’a été.

Avant la foule

Dès l’aube, une brume romantique à souhait tapisse le fond de la vallée de l’Elbe. Sur les hauteurs quelques nuages rougissant à l’horizon annoncent l’arrivée imminente du soleil.
Plusieurs voitures stationnent déjà sur le grand parking du site malgré l’heure matinale (7h00). Un peu surpris mais toujours motivés, nous rêvons encore à un moment de tranquillité magique, baigné de nature et de beauté pure. La masse touristique déferle ici à partir de 9 ou 10 heures, ça nous laisse du temps pour en profiter.

700 mètres séparent le parking des deux plus célèbres points de vue du lieu. Une petite route goudronnée y mène directement, se faufilant en partie finale entre un hôtel et de nombreux cafés encore endormis.

Devant nous un allemand, appareil photo en bandoulière, marche bon train vers l’objet de ses désirs. Le même que le nôtre, évidemment. Nous le suivons au même rythme, pressés d’arriver aussi, comme si nous sentions que la tranquillité attendue risquait de nous échapper.
Et elle nous a un peu échappé…

Il y a du monde au balcon

Au premier point de vue, le « balcon de Saxe », des photographes armés jusqu’aux dents ont déjà pris possession des lieux. Gros boitiers, zoom imposants, filtres, multiples trépieds… tous les moyens sont bons pour ne surtout pas rater la belle image. Un paysage au lever du soleil sur fond de brume, ça vaut son pesant d’or.

Et sur ce « balcon » étroit qui avance dans le vide au dessus de la vallée de l’Elbe, c’est en première ligne que la vue est la plus époustouflante.

Mais là, c’est chasse gardée. Quatre ou cinq photographes occupent les premières places dans toute la largeur. Derrière, d’autres chasseurs d’images attendent leur tour, ça risque d’être long avant que le notre arrive.

« Bon, pas grave, allons donc à l’autre point de vue, on reviendra ici après ».

Les places sont chères

Aussitôt dit aussitôt fait, il faut à peine 5 minutes pour atteindre un peu plus bas le rocher « Ferdinand ». Il domine lui aussi une vallée, mais pas la même. L’Elbe dans son manteau de brume a disparu du paysage, mais le spectacle reste tout aussi grandiose.
Et évidemment… il y a autant de photographes ici que sur le point de vue précédent. En version encore plus serrée. Le promontoire rocheux accepte au plus trois personnes de front, derrière il faut faire la queue entre deux barrières métalliques.

Pour l’instant la « foule » est calme dans la fraîcheur du petit matin. La brume est là mais le soleil se fait un peu attendre. Quand il arrive enfin, le paysage s’éveille soudainement sous une magnifique lumière orangée.

Des clics frénétiques de photographes impatients commencent alors à se faire entendre. Certains qui n’ont pas encore le privilège d’être devant se la joue malin. A bout de bras ou de trépied, ils prennent quelques photos au dessus des têtes, cadrant approximativement leur sujet.

C’est déjà ça, mais chacun veut sa place en première ligne dès que possible, sachant très bien que cette lumière et cette brume d’exception ne dureront pas longtemps. Et comme les mieux placés prennent leur temps devant, ça commence à râler un peu derrière. Heureusement, les allemands sont disciplinés. Une rotation s’engage au bout de quelques minutes et chacun peut enfin faire ses photos à tour de rôle aux meilleures places.

On est où là ?

Mais où sommes-nous donc précisément ? Quel est cet endroit magique sorti tout droit de nos plus beaux rêves ?

Nous sommes dans le massif de la Bastei (= bastion), une formation rocheuse particulière située à quelques kilomètres au Sud-Est de la ville de Dresde. Des bloc gréseux photogéniques et insolites émergent ici et là de la forêt, offrant des vues infinies sur les paysages alentour.

Perché à 305m d’altitude, ce massif sculpté par l’érosion il y a un million d’années domine ici la vallée de l’Elbe et ses villages (Rathen, Weibig). Les chemins qui se faufilent entre les rochers sont légions, et plusieurs jours de marche sont nécessaires pour espérer parcourir ce labyrinthe en totalité… et réussir à en sortir.

Les stars locales

Mais la star incontestée des lieux est un pont : le « bastei brucke ».

Construit dans un premier temps en bois en 1826 pour permettre aux touristes de circuler entre les rochers, il sera remplacé en 1851 par un ouvrage en grès à 7 arches, enjambant une combe de 40 m de profondeur. C’est haut, mais pas de problème de vertige pour autant pour ceux qui y sont sensibles. Le pont est large et ses parapets massifs sont rassurants.

Si vous avez peu de temps devant vous, c’est lui qu’il faut découvrir avant tout. C’est ce que font d’ailleurs la plupart des visiteurs, profitant aussi des cafés et des restaurants sur place pour compléter agréablement leur promenade.
Petit conseil : si vous voulez voir (ou photographier) ce pont éclairé par les premières lumières du matin (le soir il est à contre-jour), c’est entre Mai et Août qu’il faut venir. Avant ou après, il est dans l’ombre.

En le traversant, on accède à la deuxième star locale : les ruines du château de Neurathen (fermées lors de notre venue), perchées au sommet de ces formations rocheuses entre le 13e et le 15e siècle.

Ajoutez à votre visite le « balcon de Saxe » et le point de vue Ferdinand (idéal pour avoir une vue d’ensemble sur le pont de Bastei), et vous aurez fait le tour des incontournables du secteur.

Plongée vers le fleuve

Cette partie particulièrement touristique du massif passée, l’itinéraire de randonnée se poursuit vers l’Est en descendant à travers bois pour rejoindre les rives de l’Elbe. Une succession d’escalier et de chemins serpentant entre les rochers nous y conduit, dégageant régulièrement des vues splendides sur la vallée encore envahie par la brume.

Deux autre superbes points de vue ont été aménagé dans la descente : le « Kanapee » et le « Tiedge aussicht ». Le premier est perché sur un rocher, le second est à flanc de falaise, agrémenté de bancs en pierre pour profiter du paysage. Si vous êtes un rêveur, un poète ou un contemplatif, prenez le temps de vous arrêter là un moment. Réchauffé par le soleil du matin, vous n’oublierez certainement pas de sitôt ces quelques minutes de calme passé entre ciel et terre devant le spectacle qui s’offre à vous.

Nous cheminons ici sur une portion du Malerweg, nommé aussi le « chemin des peintres ». Aucun risque de se perdre sur ce sentier, le balisage ici est parfait. Un itinéraire d’une dizaine de jours environ traversant des paysages fabuleux qui ont attiré autrefois de nombreux artistes allemands, comme Adrian Ludwig Richter ou Caspar David Friedrich pour ne citer qu’eux.

La région est par ailleurs très soucieuse de la protection de l’environnement (parc national de la Suisse saxonne oblige) et un règlement strict a été mis en place dans ce but.

Changement de décor

Au pied de la descente, Rathen et ses jolies maisons aux boiseries colorées et bien entretenues nous accueillent.

C’est ici que nous rejoignons les rives de l’Elbe et le chemin piétonnier qui longe le fleuve jusqu’au village de Stadt Wehlen.

Deux options sont possibles à partir de là :
– soit suivre l’itinéraire au bord de l’eau, le Wehlenerweg (chemin goudronné, plat, sans difficulté et apaisant – trait plein rouge sur le plan en début d’article)
– soit suivre l’itinéraire qui s’élève au dessus du fleuve en forêt, au pied ou entre les formations rocheuses, le Haldenweg (sentier pédestre, difficile par endroit et parfois mal entretenu selon certains témoignages – trait pointillé jaune).

Nous retenons la première option, histoire de varier un peu les plaisirs. Qui plus est, la brume se dissipe de plus en plus et le soleil vient souligner très joliment une multitude de détails dans le paysage. Choisir l’autre option nous aurait probablement privé de ces vues différentes en bordure de fleuve.

Le village de Stadt Wehlen

Trois kilomètres et demi plus loin, nous arrivons à l’entrée du charmant village de Stadt Wehlen. Un petit port, de grandes maisons multicolores, une église ancienne, une jolie place pavée, un soleil qui inonde une terrasse de café particulièrement attirante… voilà, le tour est joué, il ne nous en fallait pas plus pour se laisser tenter par une boisson chaude et une délicieuse part de pâtisserie au café-restaurant Marktstübchen.

Après ce bon moment de réconfort, nous reprenons la route tout guillerets pour grimper sur les hauteurs du village.
Un promontoire rocheux (« le point de vue de Wilke »), offre une vue imprenable sur le village et l’Elbe. Les ruines qui l’occupent en partie sont les vestiges d’un ancien château et d’une chapelle du 13e siècle (en travaux lors de notre passage).

Le chemin des elfes

Le temps de descendre du promontoire, et le chemin nous entraîne à nouveau dans la forêt magique des rochers multiformes du parc. Un chemin piétonnier goudronné se faufile entre les colosses de grès, dans un paysage sombre et mystérieux. On ne les voit pas, mais les elfes ne sont certainement pas bien loin…

Un sentier prend ensuite le relais de la piste et nous fait remonter en douceur à travers bois jusqu’à notre point de départ.

Il est 12h30, la foule est bien au rendez-vous, envahissant le chemin d’accès au Bastei et les points de restauration. Au « balcon de Saxe », les photographes de l’aube et leur armada de matériel ont disparu. C’est au tour maintenant des nombreux touristes d’immortaliser le paysage avec leur téléphone. La lumière n’est plus celle des premières heures, mais elle reste encore belle en ce magnifique jour d’Octobre.

Le temps de manger un peu à notre tour, de payer notre dû au parking, et voilà notre journée à la Bastei qui se termine, pleine d’inoubliables découvertes.
Une visite qui mérite VRAIMENT le détour, vous pouvez nous croire, nous en sommes ressortis enchantés.

Magique la Suisse saxonne ! « Danke sehr ! »

Le coin des nomades

En termes de stationnement, la meilleure solution permettant de visiter le site de la Bastei ou de réaliser cette randonnée est le parking indiqué en début d’article.
Son principal avantage est de se situer au plus près des principaux points d’intérêt du massif. En 15 minutes vous pouvez les atteindre et profiter des belles lumières du matin ou du soir.
Il a par contre un gros inconvénient : il est cher ! 24 euros pour les fourgons ou les camping-cars, quelque soit le temps de stationnement (glurp…) ! Pour les autres, c’est 7 euros pour 4 heures maximum, 12 euros au-delà.

Pour les véhicules de moins de trois tonnes (type van), une autre solution existe (payante aussi) au village de Stadt Wehlen. Situé en bordure de l’Elbe, l’endroit est particulièrement agréable, bien qu’un peu pentu (coordonnées : 50.95606,14.03202).
Par contre, si vous souhaitez éviter le monde et photographier au petit matin les stars de Bastei (pont, vue sur l’Elbe, ruines du château…), ce n’est pas le meilleur choix. Comptez environ 1h30 de marche depuis ce parking pour atteindre le site de Bastei.

Dans les deux cas, passer la nuit sur les parkings est interdit. Pour espérer arriver tôt sur le site il est nécessaire de trouver un spot proche. Hélas, dans cette partie de l’Allemagne, la plupart des zones de stationnement sont interdites aux camping-cars la nuit.
Comme seule solution, nous avons trouvé un parking en bordure de l’Elbe juste avant la frontière entre l’Allemagne et la Tchéquie (à 23 kms à l’Est du parking de Bastei). Un peu de bruit parfois (passage de voitures ou d’un train sur la rive opposée), mais rien de très gênant.

Pour ceux que ça intéresse, c’est ici que ça se passe :

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(Cette randonnée dans le massif de la Bastei s’est faite en octobre 2023)