Câest un lac mystĂ©rieux, un cercle dâeau oĂč se cachent bon nombre de lĂ©gendes.
Câest un lac diffĂ©rent des autres, qui intrigue encore les scientifiques du monde entier.
Un lac emblématique du Massif central, un lac plein de charme qui attire de nombreux
visiteurs. Câest un lac qui ne vous laissera pas indiffĂ©rent. Câest le lac Pavin.
â± 4h00 | đ„Ÿ 12 km | đȘ Facile

Un effort Pavin, loin de lĂ
Difficile d’avoir beaucoup de certitudes dans la vie, mais il y en a une qui ne nous quitte pas lorsqu’on a une Ăąme de randonneur : celle quâil est vital de continuer Ă marcher sur cette magnifique planĂšte tant que l’on peut, Ă en dĂ©couvrir toutes les facettes, surtout les plus belles. Lao Tseu l’a Ă©crit : « LĂ oĂč sont tes pieds commence le voyage ». Alors nous marchons pour nous Ă©vader, pour nous enrichir, ici ou ailleurs. L’important pour nous est de changer d’horizon, au risque de ne voir qu’un seul paysage notre vie durant.
Ainsi lorsque la soif d’exercice et de dĂ©couverte nous dĂ©mange et que nous entendons « mĂ©tĂ©o clĂ©mente » pour le lendemain, notre esprit ne fait qu’un tour (au delĂ d’un tour, les risques de vertige sont importants) et une seule question sâimpose alors Ă nous : « OĂč va t-on ? ».
Evidemment, la rĂ©ponse doit tenir compte du temps dont nous disposons, des parcours existants Ă proximitĂ© et de l’envie.
Habitants en CorrĂšze, nous avons plusieurs possibilitĂ©s de dĂ©couvertes Ă la journĂ©e dans les dĂ©partements limitrophes. Cantal, Puy de DĂŽme, Creuse, Haute-Vienne, Dordogne, Lot … nos voisins sont plutĂŽt accueillants en matiĂšre de randonnĂ©es.
Nous avons donc cherchĂ© et sĂ©lectionnĂ© plusieurs circuits accessibles, et le premier retenu pour ce printemps renaissant se situait dans le dĂ©partement du Puy de DĂŽme, au cĆur du massif central et de ses chaĂźnes de volcans, dans un coin qui regorge de lacs tous plus beaux les uns que les autres.
Notre choix s’est plus prĂ©cisĂ©ment arrĂȘtĂ© sur une boucle passant par le lac Pavin et le lac de Montcineyre. Sur internet, les lieux Ă©taient plĂ©biscitĂ©s, et les avis laissĂ©s par d’autres randonneurs donnaient envie de les dĂ©couvrir par soi-mĂȘme. Et sincĂšrement, nous n’avons pas Ă©tĂ© déçus.
Suivez-nous, on vous raconte …
LE LIEU
FRANCE (Auvergne-RhĂŽne-Alpes)
Département : Puy-de-DÎme
Commune : Besse-et-Saint-Anastaise
Départ : en contrebas du lac Pavin,
cÎté nord
Coordonnées GPS : 45.50170 / 2.89010

LA RANDO
Type : boucle + aller/retour
Distance totale : 12 km
Temps total : 4h00
Difficulté : facile
Dénivelées cumulées : +310m / -310m
Altitude maxi / mini : 1390m / 1170m

Sommaire
- PremiĂšres approches
âą Nous ne serons pas seuls
âą Tout pour plaire - Balade entre lacs
âą Une histoire de couches
âą Saut d’obstacles
⹠Des eaux légendaires
⹠Montée au puy de Montchal
âą L’heure du petit creux
âą Patinage et pĂąturages
âą Pause repas Ă Montcineyre - Le chemin du retour
âą ForĂȘt nous revoilĂ
âą Un son venu d’ailleurs
âą Du soleil dans la tĂȘte - Retour dans le passĂ©
- Informations pratiques
PremiĂšres approches
Nous ne serons pas seuls
Nous quittons la CorrĂšze de bonne heure dans la fraĂźcheur des matins qui s’Ă©veillent, et faisons un crochet par la boulangerie du coin pour acheter notre pique-nique du jour.
ArrivĂ©s sur place, nous constatons rapidement que nous sommes loin d’ĂȘtre seuls, beaucoup de randonneurs ayant eu en effet la mĂȘme (bonne) idĂ©e que nous. Le parking principal en contre-bas du lac est certes quasiment vide, mais par contre les bas-cĂŽtĂ©s de la petite route qui s’en approche au plus prĂšs sont eux dĂ©jĂ bien surchargĂ©s. Et dire qu’Eric, ce grand naĂŻf, pensait ne trouver presque personne ici… Le lac et le ciel bleu du jour attirent aussi de nombreuses personnes souhaitant simplement promener leurs chiens et/ou faire un petit tour de lac. Rien d’Ă©tonnant Ă ce succĂšs quand on dĂ©couvre l’endroit.
Tout pour plaire
C’est en effet un coin plein de charme, d’un accĂšs facile, proposant un sentier de ceinture autour du lac bien dessinĂ©, Ă l’ombre des conifĂšres, et il est facile d’imaginer ces lieux envahis de monde lorsque le restaurant ouvre ses portes.
PosĂ© prĂšs de la rive, sa vue sur le plan d’eau est imprenable, et il doit ĂȘtre bien agrĂ©able de siroter un cafĂ©, une grenadine, une biĂšre ou un petit apĂ©ro Ă sa terrasse, les beaux jours venus.

Aux abords de ce lac dâorigine volcanique et de forme presque circulaire, des artistes ont participĂ© Ă un concours de sculpture. Une vache en bois bien en chair trĂŽne ainsi Ă proximitĂ© de lâhĂŽtel. Loin de paraĂźtre incongrue dans ce paysage, elle y apporte au contraire une jolie note, pleine de sobre fantaisie rondouillarde.

Balade entre lacs (mais sans se faire de noeuds)
Une histoire de couches
DĂ©laissant ce bovidĂ© imperturbable, nous commençons Ă emprunter le sentier par la rive ouest, et sommes aussitĂŽt plongĂ©s dans une dĂ©licieuse ambiance forestiĂšre, parfumĂ©e de rĂ©sine. La vue sur le lac avec ses notes turquoises et vertes est des plus photogĂ©nique et apaisante, nous en prenons plein la vue, un vrai rĂ©gal en guise d’apĂ©ritif. Huuum… que c’est bon ces premiĂšres couleurs printaniĂšres Ă la sortie de l’hiver…
Câest dâailleurs celle de ses eaux profondes qui ont valu son nom Ă ce lac. La couleur, sombre et inquiĂ©tante, quâil prend quand les ciels sont menaçants. « Pavin » vient en effet du latin « pavens », qui signifie « Ă©pouvantable ». Des eaux qui, par ailleurs, ont une particularitĂ© unique en France : elles sont constituĂ©es de deux couches. La couche supĂ©rieure entre 0 et 60m connait un brassage classique annuel, les eaux de surface se mĂ©langeant aux eaux plus profondes. La couche infĂ©rieure par contre, entre 60 et 90m de profondeur, nâest jamais brassĂ©e. Elle ne voit jamais la lumiĂšre, nâest jamais oxygĂ©nĂ©e et la tempĂ©rature y est relativement stable (4° environ). Câest donc un milieu trĂšs original qui est restĂ© inchangĂ© depuis sa crĂ©ation, soit il y a plus de 6000 ans !
De quoi exciter tous les scientifiques du monde et alimenter bien des lĂ©gendes⊠Et elles ne manquent pas. L’une d’entre elles raconte que l’ancienne ville de Besse serait engloutie sous les eaux de ce lac, et que son clocher serait mĂȘme visible les jours ensoleillĂ©s (on vous prĂ©cise un peu plus loin les raisons possibles de cette « tragĂ©die »)


Saut d’obstacles
En avançant, nous sommes surpris du nombre d’arbres dĂ©racinĂ©s qui jonchent le sol sur le chemin. Ce sont de vieux arbres, des sapins et des hĂȘtres surtout, centenaires pour certains. Ils n’ont pas rĂ©sistĂ© Ă la double attaque que lâhiver leur a portĂ©e : celle de la tempĂȘte Bella fin dĂ©cembre d’abord, et celle du poids de la neige surabondante en janvier ensuite. Deux attaques portĂ©es coup sur coup, c’en Ă©tait trop. Lâarbre est comme lâĂȘtre humain, il a aussi ses limites face aux pressions trop fortes.
Des eaux légendaires
Nous sommes tellement absorbĂ©s par cette triste hĂ©catombe vĂ©gĂ©tale que nous en oublions dâadmirer au passage la « chaise du diable » qui prĂ©cĂšde la premiĂšre bifurcation de notre itinĂ©raire. Ce chaos de rochers forme naturellement au bord du chemin un grand siĂšge posĂ© face au lac. Une lĂ©gende (la revoilĂ ) court le long de ces pierres. Elle raconte que « dans l’ancienne ville de Besse, vivaient des villageois injustes, Ă©goĂŻstes et mĂ©chants. Autant de « qualitĂ©s » qui plaisaient Ă Lucifer. Le soir, ce dernier s’asseyait sur sa chaise de rocher puis contemplait cette dĂ©rive de la nature humaine. Un jour Dieu apprit ce qui se passait dans ce petit village d’Auvergne. De colĂšre, il ouvrit les entrailles de la terre prĂ©cipitant maisons et villageois dans les profondeurs. Le soir venu, Lucifer constata que sa source de plaisir avait disparu, remplacĂ©e par un Ă©norme trou sans fond. Ses jambes le firent choir sur sa chaise puis il pleura, des heures, des jours, des semaines. Un torrent de larmes qui donna naissance au lac Pavin ».
Ăa, c’est la version fĂ©minine de l’histoire. Ici ce sont les hommes les mĂ©chants.
Une version masculine dit « curieusement » autre chose. Ce serait plutĂŽt selon eux les mĆurs beaucoup trop lĂ©gĂšres des femmes du village qui aurait provoquĂ© la colĂšre divine. Bigre… Que ceux qui frĂ©quentent de temps Ă autre les belles dames de Pigalle ou d’ailleurs n’oublient donc pas de se munir d’un gilet de sauvetage, on ne sait jamais.
A n’en pas douter en tout cas, les auvergnats sont pleins dâimagination.
Montée au Puy de Montchal
AprĂšs avoir quittĂ© le chemin de ronde du lac, nous partons Ă lâascension du sommet du jour, un « gĂ©ant » qui culmine fiĂšrement Ă 1407m, pointe des arbustes qui le coiffent comprise. Le terrain s’Ă©lĂšve, la vue sur le lac devient dominatrice, et nous avons rapidement la surprise de⊠marcher sur la neige (la marche sur l’eau dans un lieu aussi divin aurait pu se tenter aussi, mais nous doutions un peu de nos capacitĂ©s). Nous ne nous attendions pas Ă en rencontrer Ă cette altitude fin mars. Elle est en rĂ©alitĂ© encore bien prĂ©sente ici et nous allons la croiser rĂ©guliĂšrement tout au long de cette randonnĂ©e.


Nous continuons notre montĂ©e en sous-bois et arrivons tranquillement sur les hauteurs du Puy de Montchal oĂč la vue se dĂ©gage brusquement pour nous offrir un magnifique point de vue sur la vallĂ©e de Besse et Saint Anastaise.

« PerchĂ© Ă 1407m dâaltitude, ce puy avec ses 7000 ans est lâun des plus jeunes volcans de France. Son cratĂšre, trĂšs creusĂ©, dâune superficie de 600mÂČ, forme une clairiĂšre dans la forĂȘt dense de conifĂšres recouvrant le puy. Les pentes raides surprennent. Elles sont recouvertes dâune prairie trĂšs fleurie en Ă©tĂ©. Le promeneur ne sâattend pas Ă rencontrer un cratĂšre si grand au cĆur de la forĂȘt. Ses contours nets sont dessinĂ©s par la limite de la forĂȘt » (site sancy.com).
Sur les lieux, nous croisons un groupe de randonneurs, et trĂšs rapidement une femme en sort et nous questionne sur le chemin Ă prendre pour revenir rapidement au lac Pavin. Pourquoi nous ? Certainement parce que nous Ă©tions les seuls nouveaux arrivants Ă cet instant. Peut ĂȘtre aussi parce que nous avions une carte papier entre les mains. Un accessoire qui doit confĂ©rer Ă l’individu un statut de « guide » pour certains. Difficile en tout cas de ne pas sourire de sa demande quand on sait que nous ne sommes pas du coin et que nous dĂ©couvrons ces chemins comme elle. Mais bon, puisqu’il s’agit de faire une bonne action…
Elle nous explique en effet que deux autres femmes du groupe commencent Ă s’agiter et Ă apprĂ©cier moyennement de devoir marcher longtemps encore. On sent dans son expression un mĂ©lange de contrĂŽle et de frustration. Elle aimerait en profiter plus Ă lâĂ©vidence, mais doit pourtant se plier aux rĂšgles du groupe. Marcher Ă plusieurs est un choix qu’elle a fait, il lui faut en accepter les avantages et les inconvĂ©nients, elle le sait.
Pour nous c’est plus simple, nous ne sommes que deux. Quand Fanny n’en peut plus, elle s’arrĂȘte net et rĂąle un peu… ou mĂȘme parfois plus qu’un peu :). Quand c’est Eric… ben il continue quand mĂȘme Ă marcher, mais lui par contre il rĂąle beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucouuuuup ! Pas sĂ»r que ça soit mieux. Mais dans un cas comme dans l’autre, c’est toujours contre soi que chacun rĂąle, jamais contre l’autre.
L’heure du petit creux
AprĂšs avoir renseignĂ© cette randonneuse déçue, nous poursuivons un instant notre chemin sur la crĂȘte du puy en compagnie de son groupe, et plongeons ensuite dans la forĂȘt, en direction du lac encore lointain de Montcineyre oĂč nous avons prĂ©vu de pique-niquer. Un sol enneigĂ© bordĂ© de conifĂšres accompagne souvent nos pas. L’ambiance et les vues qui sâoffrent Ă nous par moment sont un vrai rĂ©gal et nous remplissent de joie. On se sent bien lĂ , l’air est vivifiant, le soleil est de la partie, c’est vraiment un grand plaisir de marcher au coeur de cette nature auvergnate.

Nous continuons vers le sud Ă travers la forĂȘt des Fraux, et nous arrĂȘtons un instant devant le creux de Soucy (crĂ©dit photo : Franck Cochard) cachĂ© sous la frondaison de grands conifĂšres. Il ne paie pas de mine ce trou bĂ©ant protĂ©gĂ© par une clĂŽture dissuasive, et pourtant il nâest pas vraiment anodin : ce nâest ni plus ni moins que le seul gouffre connu en Auvergne. Seuls les spĂ©lĂ©ologues et les scientifiques ont le droit de pĂ©nĂ©trer dans les entrailles de la Terre Ă cet endroit. Leur descente les conduit dans une vaste salle souterraine oĂč dorment les eaux calmes dâun lac vers 50m de profondeur. Un bel abri oĂč une colonie de chauve-souris a Ă©lu domicile pour hiberner et se reproduire en toute tranquillitĂ©.
Patinage et pĂąturages
La neige disparaĂźt ensuite peu Ă peu du chemin, et c’est sans soucy souci ou presque que nous arrivons Ă l’orĂ©e de la forĂȘt. « Presque » parce qu’Eric Ă la bonne idĂ©e de s’essayer un peu Ă la vidĂ©o en mode selfie sur les derniĂšres portions enneigĂ©es de ce chemin. Pardi, pour une premiĂšre tentative c’est beaucoup plus drĂŽle sur un terrain glissant. Le rĂ©sultat en image :
puis sélectionner la valeur « 0,5 » pour la vitesse de lecture. Effet « bourré » assuré.
AprĂšs ce joyeux intermĂšde, c’est un tout autre paysage auquel nous avons droit en rejoignant le GR 30 (tour des lacs dâAuvergne) qui passe par lĂ : plus d’ambiance forestiĂšre mais plutĂŽt celle bien connue du plateau du Cantal, avec des Ă©tendues dĂ©couvertes qui s’enfuient au loin, ondulant doucement jusqu’Ă l’horizon. Ici, câest le territoire des prĂšs, des clĂŽtures, des arbres isolĂ©s, des vaches (mĂȘme si au moment oĂč nous y sommes, elles sont absentes), qui reprend ses droits.

Nous filons encore plus au sud en empruntant un sentier dĂ©ambulant d’abord au milieu des pĂąturages, puis longeant un joli petit Ă©tang. Une maison accolĂ©e Ă une rondeur couverte de sapins repose Ă ses cĂŽtĂ©s. Nous sommes ici dans la plaine de Montcineyre. L’objet principal de notre dĂ©sir n’est donc plus trĂšs loin, nous ne le voyons pas encore mais nous le sentons presque, ce n’est plus qu’une question de minutes.
Pause repas Ă Montcineyre
Une belle piste en arc de cercle nous y conduit. Le voilĂ enfin ce fameux lac de Montcineyre (« mont des cendres »), blotti dans son Ă©crin de verdure au pied du volcan du mĂȘme nom.
Dâune surface de 40 hectares pour une profondeur dâenviron 20m, ce plan d’eau situĂ© Ă 1182m dâaltitude a Ă©tĂ© créé naturellement il y a 6000 ans, suite Ă des coulĂ©es de lave qui ont arrĂȘtĂ© le cours de la riviĂšre qui passait lĂ . Une maison isolĂ©e sur la rive a les pieds dans l’eau aujourdâhui. Bien quâen bon Ă©tat, elle semble abandonnĂ©e. La petite histoire du lieu nous apprend quâelle Ă©tait au dĂ©part une simple cabane qui servait de dĂ©pĂŽt de matĂ©riels aux buronniers du coin (chargĂ©s de traire les vaches en pĂ©riode dâestive), et quâelle a Ă©tĂ© agrandie dans les annĂ©es 50 pour ĂȘtre transformĂ©e en maison secondaire, suite au rachat du site par des avocats de Riom. DĂ©gradĂ© rapidement par lâafflux touristique, ce grand rĂ©servoir dâeau potable de la rĂ©gion est maintenant la propriĂ©tĂ© du SIVOM qui en assure la gestion et la protection.

Les lieux respirent la paix ici, le calme, l’authenticitĂ©, on sây sent bien. C’est lĂ que nous nous posons afin de dĂ©guster notre pique-nique du jour, allongĂ©s dans l’herbe, adossĂ©s Ă de vieilles pierres. Et comme Ă chaque fois, aussi simple soit-il, ce simple repas de fortune nous semble le meilleur du monde. Alors on le savoure, on le mange avec conscience et plaisir, et devant le spectacle de ce lac baignĂ© de soleil, on sourit et on se dit que le bonheur tient en fin de compte Ă peu de chose.
Une marcheuse solitaire vient Ă son tour profiter de ce havre de paix et s’installe un peu plus loin, suivie bientĂŽt par un couple avec un nourrisson. Le silence s’efface, nous ne sommes plus seuls Ă Ă©couter le chant de la nature, quelques paroles et quelques rires s’invitent Ă leur tour, mais le plaisir de voir ces parents s’offrir ce petit moment de bonheur avec leur enfant, est une rĂ©compense tout aussi belle.
Le chemin du retour
ForĂȘt nous revoilĂ
AprĂšs avoir bien mangĂ© et bien bu, c’est la peau du ventre bien tendu (vous connaissez la suite…) que nous reprenons le chemin du retour qui nous ramĂšne vers le lac Pavin, mais en dĂ©laissant Ă lâentrĂ©e de la forĂȘt le chemin de lâaller, pour poursuivre notre marche vers le nord en restant sur le GR30. AprĂšs un retour en forĂȘt, il nous conduit au bout de deux kilomĂštres environ sur lâautre rive du lac, en arrivant cette fois-ci par le haut du cercle d’eau. Une trouĂ©e entre les arbres nous offre une vue superbe Ă sa rencontre. Une vraie carte postale !!

Un son venu d’ailleurs
Nous commençons Ă descendre vers le chemin de ronde, lorsque nous entendons au loin un son Ă©trange, comme un instrument de musique, genre cor de chasse peut ĂȘtre. IntriguĂ©s, nous continuons notre marche en espĂ©rant avoir une rĂ©ponse Ă cette curieuse Ă©nigme sonore. Plus nous descendons et plus nous croisons de monde⊠Nous sommes en milieu d’aprĂšs-midi et les lieux attirent les familles, les couples, les promeneurs en tout genre.
AprĂšs un passage dĂ©licat sur un sol couvert de neige encore glacĂ©e et trĂšs glissante (Eric a sagement Ă©vitĂ© de faire un nouveau selfie dansant cette fois-ci), nous dĂ©couvrons avec surprise au dĂ©tour d’un virage un homme installĂ© au bord du lac… qui souffle dans un cor. Et plus spĂ©cifiquement dans un cor des Alpes, cet instrument caractĂ©ristique de certaines rĂ©gions montagneuses, en forme de longue trompe dont une extrĂ©mitĂ© est posĂ©e au sol. Le mystĂšre de cette « musique » qui venait chatouiller nos oreilles au loin s’Ă©claircit donc, le coupable est sous nos yeux. Avec son look typique de suisse Ă©garĂ© en pays auvergnat, il nous explique que la cuvette dans laquelle est enchĂąssĂ© naturellement le lac est idĂ©ale pour la pratique de son art. Le son produit par l’instrument s’y trouve enfermĂ©, amplifiant sa perception et sa durĂ©e. Il se remet alors Ă jouer devant nous, et nous restons lĂ Ă l’Ă©couter pendant de longues minutes, bercĂ©s et envoĂ»tĂ©s par cette belle et insolite surprise de fin de journĂ©e.

Du soleil dans la tĂȘte
De retour sur les lieux du dĂ©part, nous tombons sur une nouvelle scĂšne, elle aussi originale, mais d’un tout autre genre : celle d’une sortie d’EHPAD. Un groupe de personnes ĂągĂ©es a Ă©tĂ© installĂ© sur des chaises face au lac, le corps et la tĂȘte baignĂ©s par un soleil toujours aussi gĂ©nĂ©reux. Ils se sentent bien lĂ , ils goĂ»tent profondĂ©ment Ă ce moment privilĂ©giĂ© qui leur est offert. Peut ĂȘtre plus que d’autres, plus que nous, plus que tous ceux que le quotidien emporte souvent trop vite et qui en oublient de prendre le temps de se poser, de ressentir, de se dĂ©lecter de l’instant. C’est Ă la fois touchant et triste de les voir tous assis comme ça les uns Ă cĂŽtĂ© des autres, ne bronchant presque pas, leur chapeau vissĂ© sur la tĂȘte de peur que quelques rayons les cĂąlinent un peu trop fort. Ils sont lĂ sans vraiment y ĂȘtre, comme si ces quelques minutes qu’ils passaient en dehors de leurs murs, si vivantes, si douces, si bienfaitrices, les transportaient ailleurs.

Retour dans le passé
Puisque nous avons encore un peu de temps devant nous, nous dĂ©cidons de terminer la journĂ©e par la visite du village de Besse en Chandesse, situĂ© Ă 4km Ă peine du lac. Et bien nous en a pris, car ce petit bijou de citĂ© mĂ©diĂ©vale mĂ©rite vraiment le dĂ©tour, il serait dommage que vous repartiez de ce coin d’Auvergne sans y jeter un Ćil.
HomogĂ©nĂ©itĂ©, harmonie, calme, patrimoine sont quelques mots clĂ©s pour dĂ©crire ce gros bourg du Puy de DĂŽme. De charmantes boutiques, de la poĂ©sie, de la pierre… les lieux ont une Ăąme ici et donnent envie de flĂąner dans le dĂ©dale de ses rues, de prendre le temps de se perdre en elles, d’admirer les vieux bĂątiments qui les bordent (huit sont classĂ©s Monuments historiques), de dĂ©couvrir les vitrines qui Ă©gayent l’espace de leur fantaisie ici et lĂ . PandĂ©mie oblige, beaucoup de commerces sont hĂ©las fermĂ©s, mais il est facile d’imaginer combien les terrasses des cafĂ©s sont vivantes Ă la belle saison, combien le village est animĂ©.


Et c’est en franchissant la porte du magnifique beffroi de la ville (la seule restante des trois portes qui assuraient autrefois l’accĂšs Ă la citĂ©) que nous quittons Besse et achevons notre pĂ©riple en terre auvergnate, les jambes et la tĂȘte heureuses.
« L’histoire au coeur de la nature » annonce l’office de tourisme pour dĂ©crire sa ville. C’est vrai, l’histoire nous a suivi partout aujourd’hui, mĂȘme au coeur de la nature. Les volcans et les gouffres nous racontaient leurs vies, des lĂ©gendes couraient au milieu des forĂȘts, des arbres dĂ©chus nous murmuraient leurs combats, de vĂ©nĂ©rables vieillards nous apprenaient Ă goĂ»ter l’essentiel, des buronniers disparus et des vaches absentes (ou en bois) se muraient dans leur silence si parlant… « Tais-toi et Ă©coutes » nous soufflaient-ils. « Tu ne trouveras rien de mieux que le silence pour comprendre et savourer l’instant prĂ©sent« .
La sagesse auvergnate, c’est quand mĂȘme quelque chose.
INFORMATIONS PRATIQUES
VENIR EN SAC A DOS :
1) Train jusqu’Ă Clermont-Ferrand
2) Bus ensuite depuis la gare SNCF, jusquâau giratoire Ă proximitĂ© du parking infĂ©rieur du lac Pavin (3âŹ/personne) :
– soit par la ligne 74 (Clermont-Ferrand –> Super Besse)
– soit par la ligne C08 (Clermont-Ferrand –> Riom-es-montagne)
Ligne 74 : Renseignements et rĂ©servation par tĂ©l. au 04 73 39 97 15 (transports Faure Auvergne) ou au : 04 26 73 33 60 (antenne rĂ©gionale du Cantal – rĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes)
Ligne C08 : Renseignements et rĂ©servation par tĂ©l. au 04 71 78 00 49 (transports AndrĂ©) ou au : 04 26 73 33 60 (antenne rĂ©gionale du Cantal – rĂ©gion Auvergne RhĂŽne Alpes)
HĂBERGEMENT / RESTAURATION :
a) A Besse et Saint Anastaise (2 km avant le lac Pavin) :
– Vous trouverez ici tout ce qu’il vous faut (restaurants, hĂŽtels, chambres d’hĂŽtes, gites, boulangeries, supermarchĂ©s..)
– Pour les campeurs, il y a un camping sur la commune, « le Bois de graviĂšre », situĂ© Ă 850m environ du centre du village (15mn Ă pied)
– MarchĂ© tous les lundis matin et toute l’annĂ©e sur les places et certaines rues de la citĂ©.
b) Au lac Pavin :
– Si vous souhaitez ĂȘtre Ă pied d’oeuvre de bon matin, Ă l’entrĂ©e du lac et au bord de l’eau, est implantĂ© le bien nommĂ© Restaurant du lac Pavin.
STATIONNEMENT :
– hors saison, quand les voitures sont peu nombreuses, le stationnement se fait le plus souvent en bordure de route au niveau du restaurant du lac.
– quand la belle saison pointe son nez, la foule arrive (250 000 visiteurs en moyenne par an !). Pour l’accueillir, un grand parking gratuit existe en contrebas du lac.
– Autre solution, situĂ©e elle aussi sur l’itinĂ©raire dĂ©crit : un petit parking et quelques places isolĂ©es existent sur la rive opposĂ©e du lac, en bordure de la « route des Fraux » (100m avant d’arriver au restaurant du Lac Pavin, prendre la route Ă gauche, et la suivre sur 1 km environ).
DIVERS :
– Pas de point d’eau sur le parcours.
– Baignade interdite dans les deux lacs (Pavin et Montcineyre).
– Par contre, pĂȘche (sous rĂ©serve de paiement d’une carte) et canotage possibles au lac Pavin.
(Cette randonnĂ©e aux lacs Pavin et Montcineyre s’est faite en mars 2021)
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