Alter ego

Un bon fauteuil, une tasse ou un verre à la main, le portable loin de soi,
posons-nous et écoutons une belle histoire.
Une histoire qui ressemble à une berceuse.
Une histoire pleine de douceur, d’harmonie et d’amour.

Une chaise verte vide et un arbre en fleur devant une maison

Tous les jours, Mathilde s’assoie sur la chaise (objet complice du moment).
Tous les jours, elle y rejoint son alter ego…
Un homme ? Une femme ? Un(e) amoureux (se) ? Pas du tout !!
Mathilde a trouvé son alter ego dans un arbre.
Une relation humain/végétal profonde et belle.
Tous les jours, l’arbre attend que Mathilde s’installe sur sa chaise.
Il connait par cœur ses gestes : elle ouvre la porte, lève les yeux sur lui, sourit et se pose sur sa chaise.
Très vite, elle ramène les genoux contre elle, entoure ses jambes de ses bras dans une posture désinvolte et intime, inspire profondément, savourant déjà le moment puis lui dit :
« Alors, mon arbre, de quoi parlons-nous aujourd’hui ? « 
Oui, parce qu’il faut bien le dire : pas une journée ne passe sans une longue discussion, un bel échange, un bouillonnement d’idées, de pensées entre ces deux-là.
Ah il faut les voir quand Mathilde raconte à l’arbre les nouvelles fraîches (celles que les humains affectionnent), ce qu’elle a lu, entendu sur ce qui se passe dans le monde, là-bas tout au loin.
Il faut les voir quand l’arbre de son côté décrit à Mathilde le fourmillement de la terre qu’il ressent dans ses racines, lorsqu’il lui raconte le dernier potin des étourneaux, le passage des fourmis, la musique du vent dans ses feuilles.
Chacun apporte à l’autre ce qui lui manque, ce qu’il ne peut pas connaître, ressentir, vivre.
Une complétude qui les rend heureux, qui les rend complices, qui fait que chaque jour leur amour et leur respect l’un pour l’autre grandit.

La belle image que voilà : elle levant les yeux vers lui, souriante et mutine. Lui, se baissant vers elle, dans une sorte de révérence pleine de tendresse.

Je n’ai pas attendu ce jour-là que Mathilde arrive : je n’y avais pas ma place. Je ne pouvais pas être une intruse. Mais l’arbre était déjà dans la fébrilité, dans la joie de son alter ego qui allait venir. Tout ce printemps qui l’habillait si joliment le laissait deviner.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *